Exposé rédigé explorant l'entrevue de Don Fabrizio avec Don Calogero, lors de laquelle le Prince annonce au Maire de Donnafugata que son neveu désire épouser sa fille dans Le Guépard. Il permet d'appréhender les tensions et le bouleversement que va provoquer une telle union.
[...] Cette demande en mariage répond donc aux usages puisqu'elle opère un face à face entre les deux hommes, aussi bien physiques que rhétoriques. Mariage par intérêt comme le suggère le Père Pirrone, il n'en reste pas moins un contrat d'amour pour Calogero qui offre une dot élevée à sa fille. Le Prince et ses manigances rhétoriques lui permettent de regagner un peu de son rayonnement aristocratique, assuré que son rival, maire de Donnafugata, va maintenant faire parti de la famille et conférer à Tancredi, image de réussite par procuration pour le Prince, une nouvelle richesse pour un hymen entre convenance et démesure. [...]
[...] A cela, Calogero ajoute une nouvelle donnée qui l'éloigne davantage du Pater Familias qu'est Fabrizio. Loin d'être un père despote il exprime sa volonté de connaître les voeux d'Angelica et rythme son argumentation de paroles d'amour : L'amour, prince, l'amour est tout . cette demande en mariage opère donc un important renversement dans leur relation : Calogero se révèle être un fin stratège et garant de valeurs amoureuses que le Prince, adepte de prostituées et dont les flammes amoureuses se sont transformées, selon ses termes, en cendre, n'en est pas le plus fervent défenseur . [...]
[...] La demande en mariage se caractérise successivement par la confrontation entre le Maire et le Prince, puis les subtilités verbales de Don Fabrizio. Dès l'annonce de la richesse opulente et égalant sans difficulté celle du Prince à Donnafugata, dans la Troisième partie, Don Fabrizio et le Maire entretiennent des relations très ambiguës entre confrontation dissimulées et convenances alambiquées. Ce passage est très représentatif de cette dimension de tension, comme le prouvent les descriptions des deux personnages et finalement les masques du langage. [...]
[...] Jeux de convenances, subtilité du langage sont omniprésents dans cette oeuvre et atteignent bien sûr leur apogée dans cet extrait qui oscille entre argumentation rythmée et persuasion hypnotique. Ici, Don Calogero parvient à éclairer une facette insoupçonnée de sa personnalité : sa rouerie, cachée derrière une apparence maladroite. Don Fabrizio, qui pensait mener la conversation avec sa rhétorique n'en est pas moins troublé. Calogero, loin d'être surpris par la demande de Tancredi avoue déjà avoir eu vent de ces rumeurs et en savoir plus encore, depuis déjà un mois. Aval non négligeable sur son interlocuteur, troublé par son apparente impassibilité. [...]
[...] Il exprime aussi son étonnement face à la dot impressionnante d'Angelica : pendant du Prince, il sert de révélateur émotif et son claquement de langue nous révèle l'importance d'une telle nouvelle. Finalement, la présentation du futur est primordiale dans cet extrait. Don Fabrizio souligne tour à tour les qualités nombreuses de son neveu (manière à peine dissimulée de se flatter). La couleur du temps suggère la capacité d'adaptation du jeune homme et peut être ainsi la manière dont l'apparente soumission de Don Fabrizio n'est qu'un leurre. [...]
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