On se situe au Ier siècle avant J-C. Lucrèce est donc un contemporain de César, Cicéron, Salluste et Varon. Il est né vers -96. Ce qu'on sait de lui vient de Saint Jérôme, du IVème après J-C.
Lucrèce a été rendu fou par un philtre amoureux. Il aurait rédigé son oeuvre dans les intermèdes de sa maladie, elle-même corrigée par Cicéron. Il s'est suicidé dans sa 48ème année. Lucrèce est ami avec Memmius, qui veut construire un édifice commercial sur les ruines de la maison d'Épicure (...)
[...] Le but de Lucrèce n'est pas de philosopher, mais de traduire le système épicurien, il n'apporte rien d'autre. Bref résumé du contenu Ce poème présente une forme paradoxale : Lucrèce écrit en vers, alors qu'Epicure a toujours considéré la poésie comme un sortilège dont il faut se méfier car l'imagination poétique est trop loin du réel. Lucrèce partage ce point de vue. Il accorde la primauté à la science sur l'art. Lucrèce résume son poème : c'est la représentation de toute la nature des choses dans sa belle ordonnance. La nature n'est pas contaminée par la religion. [...]
[...] Celle-ci, au lieu de régler simplement les besoins alimentaires des hommes, elle les produit. Cette création est inscrite dans les qualificatifs genetrix (v.1) et voluptas qui rappellent que Vénus est la mère de l'amour, et par ce plaisir elle pousse les hommes à s'unir et à se reproduire (v.17-20). Pourquoi Lucrèce fait de Vénus la seule déesse qui gouverne la nature ? S'agit-il d'une prouesse rhétorique ; ou d'une invocation allégorique, c'est-à-dire une sorte de prologue à une doctrine de vie, qui en faisant de Vénus le symbole de l'union amoureuse, annonce l'union des atomes, qui donne naissance aux éléments ; ou d'un soucis de soumettre au plaisir la doctrine sévère d'Épicure ? [...]
[...] La notion de poème On peut avoir plusieurs lectures des trente premiers vers : Il est possible de prendre Vénus pour la sœur de Mars, comme étant une déesse ayant le pouvoir de cesser la guerre. Les deux premiers vers qualifie Vénus de nourricière (alma), de plaisir (volupta), de mère (genetrix). Lucrèce voit Vénus comme la déesse de la procréation. Il identifie Vénus à la terre, qui pour le plaisir de l'homme apporte la nourriture dont il a besoin. Il est possible de lire ce poème comme un éloge de la terre nourricière. Le mois de Vénus est celui d'avril (le printemps) : évocation des animaux, des fleurs qui s'accordent avec la nature riante. [...]
[...] L'inventio d'un poème cosmologique Du point de vue de la forme comme du fond, ce poème rappelle l'hymne homérique à Aphrodite (au début de L'Iliade et L'Odyssée). Chez Lucrèce, c'est surtout une prière qui s'adresse à Vénus, en tant que mère des Ennéades qui sont les romains. Enée est lui-même l'intermédiaire entre le poète et le destinataire de la poésie. Les mots Aeneadeum (v.1) et Memmiadae (v.26) sont typiquement grecs. Du coup, Lucrèce range Enée et Memmius dans la même catégorie. Memmius devient l'exemple-type du lecteur romain dont Vénus va garantir les qualités de réception. [...]
[...] Nam neque nos agere hoc patriai tempore iniquo possumus aequo animo, nec Memmi clara propago talibus in rebus communi desse salti. Le poème est tout d'abord surprenant lorsqu'on sait que l'ouvrage est prétendu être un poème matérialiste. Une invocation à Vénus apparaît comme une sorte de provocation à l'encontre de la doctrine épicurienne, qui se méfie de la poésie, car la fiction poétique a tendance à masquer le vrai. Pour un épicurien, une prière aux dieux est stupide et inutile. [...]
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