Montesquieu, "De l'esprit des lois", "De l'esclavage des Nègres" - publié le 14/08/2009

Résumé du document

Il s'agit d'un texte extrait de De l'esprit des lois, très célèbre ouvrage de la littérature. Comme de nombreux philosophes du VIIIe siècle, Montesquieu n'est pas resté indifférent au problème de l'esclavage. Dans ce réquisitoire (discours d'accusation, différent du plaidoyer (discours défensif)) contre les pratiques esclavagistes, il fait preuve d'ironie (exploite surtout la figure de l'antiphrase) aussi bien dans la forme que dans le fond. Le plan suit une progression logique : à l'exception de la première phrase d'attaque, il feint de donner les arguments des colonisateurs européens, pour les détruire ensuite en montrant l'absurdité de leur raisonnement (...)

Extraits

[...] Lignes 6 à 30 : arguments moraux Ceux qui exagèrent l'injustice sont de petits esprits. Les philosophes anti- esclavagistes sont désignés ici avec ironie, antiphrase. Ils accusent les gouvernants de complicité et dénoncent particulièrement le contexte social où l'esclavage était institué par le Code Noir et une prime, un encouragement financier, accordé par le roi pour chaque esclave importé. Montesquieu poursuit le raisonnement des colonisateurs : la situation des esclaves n'est pas si injuste car autrement il y aurait des conventions. [...]

[...] Montesquieu, De l'esprit des Lois "De l'esclavage des Nègres" Eléments d'introduction : Il s'agit d'un texte extrait de De l'esprit des lois, très célèbre ouvrage de la littérature. Comme de nombreux philosophes du VIIIe siècle, Montesquieu n'est pas resté indifférent au problème de l'esclavage. Dans ce réquisitoire (discours d'accusation, différent du plaidoyer (discours défensif)) contre les pratiques esclavagistes, il fait preuve d'ironie (exploite surtout la figure de l'antiphrase) aussi bien dans la forme que dans le fond. Le plan suit une progression logique : à l'exception de la première phrase d'attaque, il feint de donner les arguments des colonisateurs européens, pour les détruire ensuite en montrant l'absurdité de leur raisonnement. [...]

[...] L'argument des Européens est économique, mais humains pour Montesquieu, car il met en balance le sucre, produit de luxe, qui n'est pas indispensable, et la valeur humaine. Pour les européens, le sucre a plus de prix que la vie des humains. B. Lignes 5 à 15 : arguments raciaux ou physiques La description des esclaves noirs, avec l'exagération ironique de l'auteur : "noir depuis les pieds jusqu'à la tête", montre que les Européens ne perçoivent d'eux que des détails morphologiques et raciaux et méprisent leur qualité d'être humains. [...]

[...] Les colonisateurs voient l'esclavage comme légitime et légal puisqu'ils emploient le mot "droit". D'ailleurs, l'idée de possession de ces hommes est sous-jacente et sera confirmée à la ligne 3 avec "s'en servir". Concernant les marques énonciatives, la double occurrence du pronom associée tout de suite à "nous" puis plus tard à montre que l'auteur va tout de suite s'effacer derrière les pluriels et les indéfinis tout en créant une complicité avec le lecteur, procédé classique de la stratégie argumentative. L'expression "peuple d'Europe" fait référence à une réalité historique : celle des conquistadores, qui au XVIe siècle, ont mené une expansion coloniale vers le nouveau monde. [...]

[...] III) Conclusion Ce texte est bien accordé au titre de l'ouvrage dont il est extrait : "L'esprit des lois", car il ressemble bien à un réquisitoire, un édit, une promulgation de loi par son argumentation originale, il diffère de la sécheresse habituelle du style de Montesquieu, même si le texte suit l'ordre d'un discours à l'antique, avec introduction (exorde) et une conclusion (péroraison) ici sous forme de question oratoire. C'est un texte très dur, très violent, dont l'arme principale reste l'ironie, qui feint de traduire un raisonnement contraire aux principes du philosophe afin de ridiculiser les partisans de l'esclavage et de leur donner mauvaise conscience. Cette forme subtile et incisive a marqué les idées. L'ironie, ici, masque un thème grave, et souligne la nécessité de la tolérance et du respect comme remède aux mots les plus cruels. [...]