Dans sa "légende mélancolique", Daudet fait preuve de virtuosité littéraire importante afin de rendre son récit captivant et plaisant.
Tout d'abord, le récit est placé sous le signe de la vivacité narrative. Le temps est concentré (« cela dura ainsi deux ans ») et les événements s'enchaînent sans temps mort. De plus, l'usage de la polyphonie évite à l'auditoire de se lasser (...)
[...] Commentaire de La légende de l'homme à la cervelle d'or de Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin, 1869) Passage à quelque temps de la jusqu'à souffrir INTRODUCTION : Alphonse Daudet est connu aujourd'hui pour ses Lettres de mon moulin, parues en 1869. Dans l'une de ces lettres, il entreprend de relater à l'adresse de la dame qui demande des histoires gaies un conte, ce qu'il nomme lui-même une légende mélancolique qui met en scène un homme à la cervelle d'or qui ne saura pas faire bon usage d'un don exceptionnel offert a sa naissance puisqu'il finira dans la détresse et la misère morales. [...]
[...] Ainsi, toute la première partie du récit est euphorique et heureuse comme en témoigne la ponctuation expressive dans les paroles de la jeune coquette. Le champ lexical du bonheur domine plaisir, amour, sautillant Soudainement, Daudet rompt cette atmosphère pour faire sombrer le récit dans le drame : la mort saisit la petite femme de manière inexpliquée et subite, puis le héros sombre dans la démence. La comparaison comme une homme ivre ainsi que l'adjectif égaré montrent l'égarement mental du protagoniste. Les points de suspension sont la traduction syntaxique de cette perte de repères. [...]
[...] C'est bien le sens de la morale finale : les pauvres gens condamnés à vivre avec leur cerveau ne sont autres que les littérateurs. En effet, le bel or fin qu'ils produisent ne doit pas être entendu dans un sens matériel. C'est le texte matériel qui est ici désigné : leur corps moelle, substance pour arracher de leur âme des vers ou des mots. L'image finale de la souffrance de l'artiste renvoie à une mythologie ou à un cliché romantique encore vivace : pour les romantiques tels Vigny ou Musset, l'homme de lettres est un incompris, condamné à la marginalité et à l'exclusion sociale. [...]
[...] Dans sa Légende de l'homme à la cervelle d'or, il parvient en un récit vif et alerte à séduire son auditoire. Mais cette séduction rhétorique n'est pas gratuite : la visée du récit est didactique. A une leçon morale s'ajoute une attaque, détournée certes, mais aigue des valeurs matérialistes qui rongent la société et ne laissent plus de place à l'idéal et à l'artiste. A l'instar des romantiques qui l'ont précédé, Daudet voit la mort comme l'ultime refuge de l'homme de lettres, cet éternel banni. [...]
[...] Malgré ses caprices, elle reste sympathique aux yeux du lecteur - il ne faut pas oublier que le destinataire du conte est une femme madame - car elle incarne le plaisir et la vie. De même, on ne peut que compatir au sort du héros. Les signes du pathétique sont multiples : l'adjectif pauvre les larmes et l'ombre de la mort qui s'abat sur lui et le rend pitoyable. Les hyperboles un grand cri et l'adverbe douloureusement qui résonne longuement dans la phrase exhibent cette souffrance aigue. [...]
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