Un exemple de théâtre engagé : "Faut pas payer !" de Dario Fo

Résumé du document

Le théâtre a toujours été un outil privilégié par les artistes qui avaient à coeur de protester, dénoncer et critiquer ce qui les révoltait. A chaque époque, on retrouve des pièces engagées dans lesquelles les comédiens et les dramaturges se moquent du pouvoir en place, de la situation sociale et politique et tentent d'interpeller les spectateurs. Cela dit, si l'on généralise et range dans la catégorie "théâtre engagé" toutes les créations qui veulent transmettre un message au public pour l'inciter à s'interroger sur la société et ses problèmes, on en arriverait rapidement à dire que tout théâtre est politique (C'est d'ailleurs une citation d'Ariane Mnouchkine, dramaturge engagée). C'est peut-être vrai, puisque le théâtre est public, près des gens, il a quelque part un rôle politique. Nous allons donc restreindre un peu le vaste sujet du théâtre politique et nous intéresser plus particulièrement au théâtre mis au service d'une cause politique, au service de ceux que l'on écoute que trop rarement (...)

Extraits

[...] Un samedi, je racontais dans un sketch l'histoire vraie d'un journaliste tué par la Mafia. Un ministre de la Démocratie chrétienne débarqua à la RAI en hurlant: on insulte publiquement l'honneur du peuple sicilien en prétendant qu'il existe une organisation criminelle appelée Mafia!» Quelques jours plus tard, j'ai reçu un cercueil miniature portant mes initiales En 1968, ils fondent l'association "Nuova Scena" avec l'aide du Parti Communiste Italien , au services des forces révolutionnaires Déjà certains n'apprécient pas leur plume moqueuse et n'hésitent pas à agir, le manuscrit des Archanges ne jouent pas au flipper aurait ainsi fait l'objet de 280 plaintes et demandes de censure, de la part de la police, à chaque fois que la pièce était jouée. [...]

[...] La désobéissance civile Faut pas payer ! s'inspire des luttes de quartiers des années 70 et d'une forme en particulier : la désobéissance civile. La première manifestation de celle-ci fut l'auto-réduction des loyers dans un quartier ouvrier de Turin en 1970. Le mouvement s'étendit peu à peu à d'autres villes, et d'autres factures : le chauffage, les transports urbains, l'électricité. Ce mouvement visait à faire prendre en main les revendications par les intéressés eux-mêmes et fut assez efficace contre l'augmentation du coût de la vie pour les ouvriers et petits salariés. [...]

[...] Antonia offre à sa voisine des pâtes, du riz et des olives entre autres. Margherita pressée par l'arrivée du mari d'Antonia a l'idée de cacher ces trésors sous son manteau et sort de l'appartement la tête haute et le ventre bien rond. Giovanni, ouvrier au sens moral si poussé que s'il apprenait que son épouse avait volé au supermarché, il lui ferait avaler la boîte en fer blanc et la clé pour l'ouvrir avec assiste ensuite à l'énonciation du menu du dîner par sa femme qui sait rendre appétissant des plats à priori peu engageants . [...]

[...] On a alors une scène comique dans laquelle Antonia invoque la pilule que Margherita ne prenait pas parce que c'était contraire à la volonté du Pape et qu'elle s'emmaillotait pour cacher la grossesse à Luigi. Giovanni.- Dis moi, tu divagues ? La pilule qui n'agit pas quand on ne la prend pas, le pape, Margherita enceinte de neuf mois et le mari qui ne s'aperçoit de rien Antonia.- Luigi ne pouvait pas s'en apercevoir, elle s'emmaillotait. Giovanni.- Elle Antonia.- Oui, très serré pour que ça ne se voit pas. Tant est si bien que ce matin je lui ai dit : Tu es folle ? Tu veux le perdre cet enfant ? [...]

[...] –Vous savez, je vous comprends Je ne devrais pas le dire mais je comprends même les bonnes femmes du quartier qui ont exigé ce matin la réduction des prix. Elles ont raison Personnellement ma sympathie leur est acquise. Giovanni ne sait plus quoi penser et se retrouve à faire la morale au brigadier qui se livre sans complexe et qui finit même allongé sur le lit conjugal, serrant contre lui un oreiller et mordillant le coin du drap comme un enfant. Giovanni.-( )Tout de même, la police, il en faut, non ? [...]