Dans sa critique artistique, Charles Baudelaire évoque le dandysme sous les traits d'un « soleil couchant » qu'il qualifie de « superbe » mais « sans chaleur », mis en péril par une certaine démocratie réductrice et soucieuse de niveler par le bas les différences dont se réclament ces adeptes. Ne serait-il pas possible en démocratie de vivre différemment et de se distinguer sans risquer un rappel à l'ordre ? Ou alors serait-ce le dandysme qui refuse de se considérer du même monde que le commun des mortels ? Dans la métaphore de Baudelaire, il est autant question de déclin dans le chef des dandys que de nivellement dans celui des démocrates, avec une part de nostalgie et d'admiration pour les uns et de mépris pour les autres. Mais Baudelaire, ce personnage érudit, fier, anticonformiste et en révolte permanente, n'est-il pas considéré encore aujourd'hui comme un des illustres représentants de la caste des dandys ? (...)
[...] Le dandysme est le fruit d'une éducation et pas un don du ciel. A sa décharge, ce n'est pas forcément le petit que le dandy combat mais plutôt le médiocre. Il aurait même tendance à se placer du côté du faible face aux puissants. Il n'a pas peur de prendre des risques et à s'exposer. Tel est son mérite. On ne peut certainement pas lui reprocher de céder à la facilité. Bien au contraire, le dandy est un battant, un solitaire plein d'orgueil et d'originalité. [...]
[...] Le dandysme revêt cette forme d'aristocratie, cet esprit supérieur et royal. A la recherche du mieux, le dandy a tendance à mépriser le moindre. Son attitude devant ceux qu'il n'estime pas à la hauteur de sa personne est détestable. Le problème est que tout le monde ne naît pas avec les facultés d'un professeur Einstein ou avec le talent littéraire d'un poète comme Verlaine. Comment peut-il considérer la majorité de ses congénères, incapables de comprendre un tableau abstrait ou un concerto de musique classique ? [...]
[...] Si l'on devait s'en référer aux dandys pour parler de dandysme, sans doute ne retiendrions-nous que des qualités à ce mode de vie et de pensée. A les entendre, il n'est question que d'élévation de soi, de recherche permanente du beau et du refus de la médiocrité. Le dandy se veut différent et au-dessus de la mêlée. On ne peut qu'approuver cette recherche de l'excellence dans la pensée, les arts et la manière de vivre. Ce n'est qu'au travers de la passion du bien et du beau que l'on peut accéder à ce degré d'élégance et de raffinement. [...]
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