Alors que l'article est intitulé "Paix", son premier mot marque une antithèse spectaculaire : La guerre. Il va se poursuivre par de multiples antithèses tout au long du texte qui opposent les inconvénients de la guerre aux avantages de la paix. Commençant logiquement par la paix, Damilaville va ensuite énumérer les malheurs liés à la guerre, antithèses des bonheurs de la paix (...)
[...] Damilaville, L'Encyclopédie, article Paix ÉTUDE ANALYTIQUE . Introduction Étienne Noël Damilaville (1723-1768) est un homme de lettres français, ami de Voltaire et Diderot. Personnage du combat philosophique de l'époque, notamment sur le plan de la pensée antireligieuse, il disparaît prématurément non sans été un collaborateur de l'Encyclopédie avec l'article Paix. Ce dernier a été rédigé à partir de 1745, c'est-à-dire dans le contexte historique de plusieurs guerres : la guerre de succession de Pologne, la guerre de succession d'Autriche, la guerre coloniale avec l'Angleterre et la guerre de Sept Ans. [...]
[...] De manière polémique, Damilaville relie la dimension d'un royaume au nombre de sujets qui sont ainsi rendus malheureux. - La critique des motivations de la guerre et des influences sur le roi Enfin, les rois, déjà sujets à la passion et donc plus maîtres d'eux-mêmes, sont rapportés influencés par des conseillers guidés par leur intérêt personnel, qu'ils soient civils (des ministres ambitieux, ligne 28) ou militaires (des guerriers, ligne 28, c'est-à-dire des généraux ou des maréchaux). La même idée est reprise et aggravée dans la dernière phrase du texte : la gloire des guerriers turbulents (ligne 34) ne fait plus que s'additionner à celle du conquérant (ligne 34) ; dans le cas du roi c'est un caprice (ligne dans celui des guerriers proches du roi ce sont des vues intéressées (ligne 35). [...]
[...] Cette image de la nature reviendra comme un reproche dans le courant de l'article, les déclarations de guerre des rois étant assimilées à une insatisfaction non justifiée face aux bienfaits que la nature a répartis équitablement entre tous les hommes. On relève dans ce sens l'image maternelle des enfants (ligne reprise par la suite dans l'image de la Providence (ligne 24). L'association du bonheur et de la paix sera reprise avec l'expression une tranquillité de qui dépend leur bonheur (ligne 16). Enfin, le texte permet de retrouver une métaphore très fréquente au XVIIIe siècle quand il s'agit de dénoncer un comportement passionnel condamnable, celle de la maladie convulsive et violente (ligne 1-2). [...]
[...] Au-delà du ton polémique habituel de ce siècle, Damilaville dénonce avec virulence les guerres absurdes et destructrices, cautionnées par les caprices des souverains et les influences sur ceux-ci. Peut-être plus que le thème, c'est la manière qui caractérise l'engagement de l'auteur. C'est elle qui entraîne le lecteur à réagir en lui montrant la déraison des monarques, les malheurs de la guerre et surtout, de manière antithétique, les bienfaits de la paix. Damilaville sensibilise ainsi à la violence inutile et aux effets destructeurs de la guerre sur les richesses des pays et les peuples. [...]
[...] Or, au XVIIIe siècle, l'idée d'un contrat social s'imposait : le règne d'un monarque n'était légitime que s'il garantissait le bonheur et le bien-être de ses citoyens. C'est donc dire que s'il ne garantit pas la paix et n'est donc attentif à conserver une tranquillité (ligne il n'est pas digne de rester au pouvoir. Pire, il reproche au roi son inconséquence pour n'être sensible qu'à l'épuisement (ligne c'est-à-dire qu'il lui reproche de ne devenir sensible au tort qu'il cause à ses sujets que lorsque ses forces guerrières sont elles-mêmes entamées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture