Cet extrait illustre donc la force de la Comédie classique : instruire et plaire, double mission qui permet d'incarner des points de vue et de les confronter tout en dirigeant le spectateur vers la leçon qui s'impose à lui sans difficulté. En outre, le texte ne manque pas au passage de caricaturer les préjugés d'une noblesse fragilisée par la montée de la bourgeoisie et qui sera bientôt renversée de s'être arc-boutée sur ses privilèges. Mais cette comédie offre aussi à Molière une tribune pour régler ses comptes avec une critique qui ne lui a pas souvent facilité la vie (...)
[...] Je suis pour le bon sens, et ne saurais souffrir les ébullitions de cerveau de nos marquis de Mascarille10. J'enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicules, malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours et parient hardiment de toutes choses, sans s'y connaître ; qui dans une comédie se récrieront aux méchants endroits, et ne branleront pas à ceux qui sont bons ; qui voyant un tableau, ou écoutant un concert de musique, blâment de même et louent tout à contre-sens, prennent par où ils peuvent les termes de l'art qu'ils attrapent, et ne manquent jamais de les estropier, et de les mettre hors de place. [...]
[...] Molière manipule le débat et force la sympathie du public pour le personnage qui incarne son point de vue. Petit à petit, c'est un véritable réquisitoire contre les préjugés d'une certaine aristocratie qui se développe devant nous. Enfin, Molière en profite pour faire une leçon de critique dramatique qui nous rappelle les véritables enjeux de la Grande Comédie. I. Un débat manipulé 1. La polémique mise en abyme 2. Un débat déséquilibré (manipulé par Molière) II. Un réquisitoire contre les a priori et les préjugés 1. [...]
[...] COMMENTAIRE COMPOSE BAC ES/S JUIN 2009 Texte A : Molière, La Critique de L'Ecole des femmes La Critique de L'Ecole des femmes met en scène un débat entre des personnages adversaires et partisans de la pièce L'Ecole des femmes, «quatre jours après» la première représentation. Quand Dorante entre en scène, la discussion est en cours. SCÈNE V DORANTE, LE MARQUIS, CLIMENE, ÉLISE, URANIE. DORANTE Ne bougez, de grâce, et n'interrompez point votre discours. Vous êtes là sur une matière qui, depuis quatre jours, fait presque l'entretien de toutes les maisons de Paris, et jamais on n'a rien vu de si plaisant que la diversité des jugements qui se font là-dessus. [...]
[...] Certains spectateurs, appartenant à l'aristocratie, prenaient place sur des chaises, de chaque côté de la scène. (7)chagrin : mauvaise humeur. Remarque moqueuse : en homme de bonne compagnie, puisqu'il s'offre lui- même en spectacle au public. Fait allusion au prix payé par les spectateurs assis aux places sur le théâtre et par ceux qui sont debout, au parterre. Mascarille : ce valet, dans Les Précieuses ridicules, singeait les marquis, ainsi ridiculisés par Molière. La censure, au XVIIème siècle n'épargne pas les auteurs de comédie pour des motifs souvent inavoués qui tiennent davantage de la défense de certains privilèges que de la critique d'art. [...]
[...] DORANTE La caution n'est pas bourgeoise1. Mais, Marquis, par quelle raison, de grâce, cette comédie est-elle ce que tu dis ? LE MARQUIS Pourquoi elle est détestable ? DORANTE Oui. LE MARQUIS Elle est détestable, parce qu'elle est détestable. DORANTE Après cela, il n'y a plus rien à dire : voilà son procès fait. Mais encore instruis-nous, et nous dis les défauts qui y sont. LE MARQUIS Que sais-je, moi ? je ne me suis pas seulement donné la peine de l'écouter. [...]
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