« Tous les mots à présent planent dans la clarté.Les écrivains ont mis la langue en liberté. »
Victor HUGO, dans réponse à un acte d'accusation, évoque son combat littéraire, la dénonciation de l'état de la poésie avant le romantisme, critique de l'alexandrin monotone et de la hiérarchie arbitraire et injuste entre les mots « nobles » et les mots « roturiers » à l'image d'une société de castes. Selon lui, le « terrorisme » poétique permet, en mettant « un bonnet rouge au vieux dictionnaire » de libérer le langage de ses carcans habituels et de ramener les muses auprès du poète. En ce sens, Octavio PAZ, écrit dans L'Arc et le Lyre, « la création poétique est d'abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels : séparés du monde informe du langage parlé, les vocables à nouveau sont uniques comme s'ils venaient de naître ». La création poétique consiste donc à s'insurger contre les carcans d'un langage artificiel, consensuel et pervertit. La poésie n'est pas la forme la plus aboutie ou la plus musicale du langage mais un processus de déconstruction de celui-ci et par là-même de libération. Elle se définit donc en rupture avec le langage quotidien. Le poète est alors le libérateur de la langue, malgré elle, en lui faisant violence, il tente de retrouver une symbiose originelle idéaliste entre fond et forme. La poésie est donc l'objet d'une lutte entre la nécessité de redonner à la forme la place qu'il lui revient, de retrouver la vérité de la forme poétique tout en la conciliant avec l'impératif d'intelligibilité. Dans un premier temps, le langage est un artifice consensuel contre lequel la poésie s'insurge. Deuxièmement, en dépouillant le langage de ses artifices, la création poétique cherche à aboutir à une réconciliation entre le fond et la forme et à retrouver ou découvrir une harmonie absente du langage quotidien. Toutefois, cette entreprise de création poétique est nécessairement vouée à l'échec d'une manière ou d'une autre, d'où l'archétype du poète malheureux, maudit.
[...] (sapate : objet d'apparence banale qui dissimule en son sein quelque chose de valeur) Texte lui-même qui propose une formule à travers la dernière phrase : la perle que contient le poème est cette dernière phrase. Allégorie contenue dans cette dernière phrase qui clôt le poème. L'antithèse entre parfois et aussitôt constitue la chute du poème. Conclusion : Volonté de restituer par le langage et pour le langage, la valeur des choses banales qu'on ne regarde plus. Ponge invite le lecteur à redécouvrir l'huître comme un univers minuscule et comme une allégorie de la poésie. Notion de fantaisie nécessaire à la poésie. [...]
[...] La création poétique, une violence faite au langage ? Francis Ponge L'Huître Introduction : Ponge va décider de s'intéresser aux objets dans ses poèmes, et prend leur parti (cf. Le Parti pris des choses : jeu de mots) Poème : mot-valise créé par Ponge : curieux petits poèmes en prose. Grand modèle de Ponge : Malherbe (rompt alors avec les critères de l'époque, basés sur l'inconscient et l'écriture automatique.) Le meilleur parti des choses, c'est de considérer toutes choses comme inconnues (Ponge) Plan linéaire du poème L'Huître : I)Redécouvrir l'huître II)Une présence sous-jacente III)Une fable sur la poésie Problématique : le poète nous propose une allégorie, le poème, comme l'huître, ne s'ouvre qu'au prix de certains efforts de compréhension. [...]
[...] Autonomie et cohérence de l'huître. Dernier paragraphe : unicité de la phrase qui renvoie à l'unicité du monde de l'huître : -eau : mare -air : cieux L'huître comporte tous les éléments, à la fois minéral et organique, solide et liquide, résistant et gluant. L'huître forme à elle seule tout un univers. b)une dimension allégorique Orner : dimension esthétique. Termes polysémiques qui renvoient à la fois au mollusque et au langage : formule Fait songer à la perle mais aussi au langage. [...]
[...] Rythme ternaire qui apparaît pour décrire comment ouvrir l'huître. Allitérations en c en sifflantes : font entendre les crissements des ongles. Travail de l'homme décrit comme très rudimentaire, presque barbare. Torchon : connote l'idée de saleté : sens dépréciatif. c)attrait et dégoût Aspects contrastés que l'on peut avoir de l'huître. Premier paragraphe : aspect attractif. Si l'on fait preuve d'opiniâtreté, c'est que l'on est attiré par l'huître. Mais le texte montre aussi le dégoût que l'on peut avoir devant l'huître : verdâtre dentelle noirâtre L'huître est un objet ambivalent, elle peut faire apparaître des choses repoussantes : mare sachet visqueux à boire et à manger : l'huître est une sorte de repas à elle toute seule (positif), mais suggère l'idée d'un mélange. [...]
[...] Le mot torchon renvoie à une activité humaine. Présence humaine évoquée à travers des objets mais plus directement à travers les doigts curieux Synecdoque qui revoie à la présence humaine : les doigts appartiennent à quelqu'un. Hypallage, ce ne sont pas tant les doigts qui sont curieux que la personne. Présence humaine qui déteint sur les objets : personnification du couteau : peu franc (qualité humaine). Sens du lecteur qui sont très sollicités (toucher, vue, goût). Sensations qui contribuent à humaniser l'intervention qui constitue une agression. [...]
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