Cours sur la thématique du miroir. Le passage du XVIIème au XVIIIème siècle consacre ainsi celui du Il au Je. La première personne se révèle par et dans le mouvement des Lumières : « L'individu, ce monstre singulier, découvre qu'il existe ». Cette découverte répugne quelques-uns, comme Voltaire, s'opposant ainsi à Marivaux : « Le philosophe a bien perçu que le jeu à l'infini des miroirs de la conscience pourrait bien interdire, non moins que les spéculations anciennes, cet arrêt de sens qui permet de nommer la réalité, puis opérer sur elle, ou tout au moins sur son signe ».
[...] Ainsi le premier miroir peut devenir le regard de la mère dans le cadre du développement psychologique de l'enfant. Si le visage de la mère ne répond pas, le miroir devient alors une chose qu'on peut regarder, mais dans laquelle on n'a pas à se regarder Si ce premier regard n'a pas répondu, le miroir peut alors devenir un objet menaçant comme ici chez Proust : Une étrange et impitoyable glace à pieds quadrangulaire, barrant obliquement un des angles de la pièce, se creusait à vif dans la douce plénitude de mon champ visuel [ . [...]
[...] Poulet, Union Générale d'éditions, Paris p (28 janv. 1797) et p (14 nov. 1800). [62]Corbin Alain, Le temps, le désir et l'horreur, Aubier pp.231- 232 Penser, c'est toujours sentir, et ce n'est rien que sentir affirme Destutt de Tracy, Idéologie (1801), chap. I. [64]Gautier Théophile, Les Jeunes-France, chap. celle-ci et celle-là, Robert Laffont coll. Bouquins, p.91 [65]Maupassant, Bel-ami, Garnier-Flammarion p.36 [66]Sartre, Les mots, Gallimard Coll. [...]
[...] Le moi est peut-être une fiction du sujet, mais c'est une fiction à laquelle il tentera inlassablement de ressembler L'identité c'est alors une fable que le sujet se raconte à lui-même L'unité perdue, c'est celle du Je identique au moi, un sujet à l'identité pleine. Or, s'il nous semble dans la fable, le projet de cette ressemblance, l'avenir est lui bien Réel, par ses effets mêmes. Car, comment vivre dans un corps qu'on n'a pas vu ? c - Le moi, cet étrange objet Ainsi se découpe l'unité du moi comme étant foncièrement imaginaire. [...]
[...] C'est au passage du XVIIº au XVIIIº siècle que le miroir devient un objet relativement courant : Plus de 70% des foyers inventoriés à la fin du XVIIº et au XVIIIº, en sont équipés. Les glaces supplantent tapisseries, tableaux, estampes, et envahissent les murs de nombre de logements parisiens à cette époque même si ce n'est qu'aux alentours de 1770 que les grandes glaces sont devenues assez bon marché Jusqu'aux environs de cette date, et depuis près d'un siècle, le miroir, dans un appartement, étonne, proportionnellement à sa taille, et prête à son détenteur force et pouvoir. [...]
[...] Compenser l'absence par le souvenir [ . La mémoire est le miroir où nous voyons notre histoire D'autres tentatives d'appropriation symbolique de la spécularité peuvent dès lors venir se greffer aux précédentes : voilà le XIXº siècle. En résumé, nous pouvons dire que la Révolution Française fonctionne comme le point d'arrêt d'une compréhension quasi linéaire de la constitution spéculaire. Si auparavant s'enchaînaient des usages et des attitudes différentes face à la spécularité, si sa valeur épistémologique ne dépassait pas la discussion des contraires, dorénavant s'entremêlent à son propos compréhensions manifestes et latentes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture