La scène 7 de l'acte IV est consacrée au personnage de Clindor qui se caractérise par son inconstance amoureuse : il éprouve une réelle hésitation entre Isabelle et sa suivante, Lyse. De plus, il est en conflit avec son père, ce qui l'a poussé à quitter son foyer.
Corneille lui offre un monologue, pour faire connaître au lecteur la conscience, les pensées et sentiments du personnage, choix justifié puisque Clindor est emprisonné et condamné à mort après avoir tué par légitime défense le prétendant d'Isabelle, une jeune femme de bonne famille.
Au XVIIème siècle, le monologue intervient le plus souvent au moment critique pour le personnage en question : il souligne la gravité du moment et attire l'attention sur le désarroi du personnage. Quel portrait de Clindor se dégage à l'issue de la scène ? (...)
[...] Coupable d'aimer Clindor se retrouve seul en prison après avoir tué Adraste et il est condamné à mourir. Le personnage est donc amené à méditer sur sentiments. Il prend conscience de son amour pour Isabelle L'étude du vocabulaire révèle la prise de conscience des sentiments de Clindor ; en effet le lexique de l'amour (délices, douceurs, flamme, amant, bonheur) témoigne la passion de Clindor pour Isabelle. Par ailleurs, l'apostrophe Isabelle je meurs pour . ) célèbre la femme aimée et rappelle le pouvoir de l'amour. [...]
[...] condamné Mais Clindor réalise que son amour pour Isabelle est aussi la raison pour laquelle il est enfermé, et condamné à mourir. C'est pour cela que le lexique de l'amour est étroitement lié au lexique de la mort composé des termes coupable, criminel, châtiment, meurs . Le fougueux Clindor est en réalité accusé d'hybris*, c'est à dire de démesure, car simple valet, il a osé aimer une jeune femme d'une autre condition que la sienne. II-fatalité sociale et solitude Même si Clindor est conscient de sa démesure, il se comporte toutefois en victime d'une justice partiale. [...]
[...] Lorsque je me plaindrai de leur sévérité, Redites-moi l'excès de ma témérité : Que d'un si haut dessein ma fortune incapable Rendait ma flamme injuste, et mon espoir coupable ; Que je fus criminel quand je devins amant, Et que ma mort en est le juste châtiment. Quel bonheur m'accompagne à la fin de ma vie ! Isabelle, je meurs pour vous avoir servie ; Et de quelque tranchant que je souffre les coups, Je meurs trop glorieux, puisque je meurs pour vous. [...]
[...] Il s'apparente donc à priori à un personnage tragique, mais il s'en distingue puisque les deux derniers vers de son monologue se terminent sur un véritable coup de théatre : Lyse et Isabelle viennent libérer le jeune homme . Sources : *L'hybris (aussi écrit ubris, du grec ancien ὕϐρις / húbris) est une notion grecque que l'on peut traduire par démesure C'est un sentiment violent inspiré par les passions et plus particulièrement, par l'orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance, ou modération (sophrosune). Dans la Grèce antique, l'hybris était considérée comme un crime. [...]
[...] Il anticipe la scène du procès et de la sentence En effet, son angoisse est perceptible à travers la scène de jugement et de sentence qu'il imagine par le verbe d'hallucination vois répété trois fois. De même, les propostions juxtaposées par le point virgule ( ; ) rendent compte des différentes étapes que Clindor va vivre. Une panique crescendo L'expression de la désolation de Clindor est appuyée par le registre pathétique, très présent dans ce monologue. En effet la violence des images comme fatal amour l'ombre d'un meurtrier creuse ici ma ruine et l'omniprésence des tournures exclamatives et interrogatives attirent l'attention sur le désarroi du personnage. [...]
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