La fable 15 du livre II, "Le Coq et le Renard", fait partie du premier recueil des Fables où le bestiaire et l'imaginaire du fabuliste sont très présents, alors que dans le second, les fables s'orienteront vers une réflexion plus sérieuse et sentencieuse. L'inspiration en sera fournie à La Fontaine par une facétie du grand humaniste italien Pogge (1380-1458) unie en 1484 aux fables d'Ésope et plus spécifiquement à la fable "Le Chien, le Coq et le Renard". À travers l'attitude manipulatrice du renard, dont le seul but est de satisfaire son appétit du coq, l'auteur aborde le thème de la paix entre les animaux. Il faut dire que l'actualité de l'époque favorisait une telle démarche tant la paix entre la France et l'Espagne était alors difficile à établir.
(...) Dès celle-ci, La Fontaine attire l'attention du lecteur sur la ruse du Coq : "Un vieux Coq adroit et matois" (vers 2). Évoqué aux aguets ("en sentinelle", vers 1), les adjectifs sont tous valorisants ("vieux" suggère la sagesse apportée par les ans) et font de lui un redoutable adversaire.
(...) Le discours du Renard est l'occasion d'une première mise en scène. Son artifice consiste à se comporter, dans un premier temps, en ami. L'ambiance est celle de "Paix générale" (vers 5) et de dialogue dans la sympathie et la convivialité ("que je t'embrasse", vers 6) telle qu'il vient de l'annoncer en "adoucissant sa voix" (vers 3) et qui est soulignée par le champ lexical de l'amitié.
(...) Au vocabulaire de l'affectif et de l'amitié s'ajoutent les expressions de fête, comme par exemple : "Faites-en les feux dès ce soir" (vers 12), où sont suggérés les feux de joie censés fêter la paix nouvellement déclarée.
Mais ce jeu de séduction est prémédité. C'est pourquoi le Renard entreprend cette démarche : il compte plaire et susciter l'amitié du Coq (...)
[...] Conclusion Remarquable par la discrétion du fabuliste qui s'efface afin de mettre en valeur les animaux et leur dialogue, l'aspect théâtral de cette fable n'est pas sans rappeler certaines mises en scène de Molière dans lesquelles la fourberie d'un personnage est démasquée au profit du bien, comme c'est le cas dans Tartuffe. Enfin, la symbolique inversée permet de rapprocher Le Coq et le Renard d'une autre fable du même auteur, Le Chêne et le Roseau. Les deux illustrent une réalité dans laquelle le plus fort ne l'emporte pas toujours. [...]
[...] Il était d'usage de le relever pour courir plus vite. Gagner au haut : s'enfuir (synonyme de gagner le haut ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Les fables sont de courts récits illustrant une morale. Jean de La Fontaine est un célèbre poète moraliste du 17ème siècle. Poèmes, récits chargés d'une dimension morale et saynètes tout à la fois, les Fables de La Fontaine n'ont cessé de susciter l'admiration et de servir de modèle depuis plus de trois siècles. D'après lui, la fable est un moyen d'instruire tout en plaisant : La Fontaine éduque, certes, mais divertit aussi. [...]
[...] Un récit rigoureux et original Le schéma narratif On retrouve dans cette fable un plan narratif classique et très complet : - vers 1 et 2 : situation initiale Dès celle-ci, La Fontaine attire l'attention du lecteur sur la ruse du Coq : Un vieux Coq adroit et matois (vers 2). Évoqué aux aguets (en sentinelle, vers les adjectifs sont tous valorisants (vieux suggère la sagesse apportée par les ans) et font de lui un redoutable adversaire. - vers 3 à 5 : élément perturbateur Le lecteur ne manque pas d'être surpris par la paradoxale bonhomie du Renard accentuée par l'adoucissement de sa voix. [...]
[...] L'originalité Elle réside dans la symbolique inversée des animaux (comme nous allons le voir) mais aussi dans la versification. Majoritairement composé d'octosyllabes et d'alexandrins, l'auteur prend cependant des libertés avec la métrique afin de dynamiser son récit. On relève ainsi : .un décasyllabe (vers 27) soulignant la fuite du Renard après sa constatation du danger .des vers variables (vers 16 et rythmant le dialogue afin de le rendre plus vivant. II- Deux animaux aux discours opposés La ruse symbolique du Renard : vers 6 à 14 Le discours du Renard est l'occasion d'une première mise en scène. [...]
[...] Le galand aussitôt Tire ses grègues gagne au haut Mal content de son stratagème Et notre vieux Coq en soi-même Se mit à rire de sa peur ; Car c'est double plaisir de tromper le trompeur. Matois : finaud, rusé. Embrasser : serrer dans ses bras. Postes : le terme désigne les étapes entre deux relais de poste, c'est-à-dire une lieue et demie ou deux à 10 km). Les feux : les feux de joie qui, ici, sont censé fêter la paix nouvellement déclarée. Amour : le mot est aussi bien féminin que masculin. Allusion au baiser de paix en usage dans l'Église catholique. [...]
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