Les ogres dans les Contes en vers et en prose de Charles Perrault et dans les illustrations de Gustave Doré

Résumé du document

Synthèse de type bac évoquant le personnage récurrent de l'ogre dans les Contes en vers et en prose de Charles Perrault. Organisée, elle mêle des références aux quatre contes dans lesquels apparaissent ces êtres merveilleux, tout en s'appuyant sur les gravures de Gustave Doré pour mettre en valeur un portrait général de l'ogre mais aussi les points de divergence dans la vision de Perrault et son illustrateur.

Extraits

[...] Le conte de Barbe Bleue a aussi son intérêt : bien qu'humain, l'épouse de la jeune femme paraît gigantesque, effrayant et peut être rapproché des Ogres en ce qu'il a de violent (meurtres de ses épouses successives). Celui-ci pourtant suit la mode Henri IV, preuve qu'il ne manque pas de goût et manière, une nouvelle fois, de dépeindre un Ogre réaliste et concevable par le jeune lecteur. Est- il humain ? Est-il Ogre ? Gustave Doré laisse planer l'ambiguïté, soulignant ainsi le caractère métaphorique incarné par le personnage de l'Ogre, allégorie des peurs enfantines. [...]

[...] De plus, il est intéressant de constater que la mise en rapport du merveilleux avec le personnage de l'Ogre n'est pas inhérent à Charles Perrault : on retrouve la même idée dans Jack et le Haricot Magique, conte dans lequel l'Ogre a en sa possession une poule aux oeufs d'or ainsi qu'une harpe magique. Finalement, bien que terrifiants, chaque Goliath est vaincu par le plus faible. Renversement des rôles que Gustave Doré exagère dans ses gravures : Barbe Bleue, tué par les deux Mousquetaires, a la gorge offerte, position animale qui marque sa soumission ; Poucet, minuscule enfant, parvient à retirer les bottes d'un Ogre qui paraissait bien plus gigantesque que lui dans les gravures précédentes et est ici au repos, affalé sur le sol. [...]

[...] - et inscrite dans son époque comme le prouvent les costumes de Gustave Doré. N'oublions pas que ce personnage-parabole est aussi une figure merveilleuse. L'Ogre n'est pas doué de pouvoirs magiques comme les fées mais évolue dans un univers magique qui lui est propre. De même, c'est cette force supra-naturelle qu'il incarne qui en fait un obstacle pour le héros. De nombreux objets merveilleux assistent l'Ogre : celui du Petit Poucet a en sa possession des bottes fabuleuses, de sept lieues, qui permettent de parcourir une grande distance en un instant ; celui de Barbe Bleue possède une clef magique qui, utilisée, est souillée d'un sang indélébile . [...]

[...] Finalement, son ancrage dans un univers réaliste est renforcé par ses liens conjugaux et sa progéniture. Omniprésent dans Le Petit Poucet, l'Ogre est dépeint comme un être assoiffé de sang, qui dévore les petits enfants. Gustave Doré met l'accent sur son aspect sanguinaire à travers ses gravures : l'Ogre du Chat Botté se délecte d'un festin composé de cadavres de bêtes de somme ou de petits enfants nus, alors que celui qui menace Poucet a à la ceinture coutelas et fourche et répète dans le conte Je sens la chair fraîche ce qui le place directement comme personnage carnassier. [...]

[...] Synthèse sur le personnage de l'Ogre dans Les contes en vers et en prose de Perrault et dans les illustrations de Gustave Doré : Les Contes en vers et en prose de Charles Perrault, publiés en 1695, développent un univers où se côtoient merveilleux et réalisme et où chaque personnage, à l'issue de nombreuses péripéties, connaît reconnaissance et consécration. Possédant tous un schéma actantiel répétitif, ces contes proposent des archétypes et ont donc recours à une même frise inchangée de personnages et de situations. [...]