Perceval est celui qui vit dans la "gaste forêt" près de sa mère. C'est un homme des bois, un rustre, un solitaire qui ignore les usages.
Son entrée en scène se fait au printemps, dans la nature avec laquelle il est en harmonie, car c'est, depuis toujours, son cadre habituel (p. 34).
Il ne connaît ni la cour, ni l'église, ni les dames, ni même un compagnon de jeu puisque ses frères et son père sont morts ; il vit en toute solitude auprès d'une mère qui l'a préservé de toute socialisation, ce qui a fait de lui un "nice" (cf. p. 57), c'est-à-dire un ignorant, innocent et sans expérience (du latin nescius qui ne sait pas) (...)
[...] C'est à lui de trouver sa route, son propre destin et de lui donner sens. II- Un homme en passe de devenir héros En effet, P va parcourir plusieurs étapes dans son apprentissage : A Un apprentissage chevaleresque Il se fait d'abord dans la forêt, lors de la rencontre avec les chevaliers qui offrent aux yeux du jeune P un spectacle en action, violent même de ce monde que sa mère lui a caché : Tous les hauberts en frémissaient. [...]
[...] 47) Cependant cet adolescent égocentrique et brutal, qui n'a pas d'identité propre (il est désigné par ses liens familiaux : le fils de la veuve dame, beau frère, beau fils est un vallet d'origine noble et voué à devenir chevalier (cf. p 41) et le roi lui-même ne s'y trompe pas quand il reproche à Keu ses railleries 57). P est issu d'un noble lignage et possède une noblesse naturelle que seuls d'indispensables médiateurs lui permettront de s'approprier. B Les initiateurs Après sa mère qui lui apprend à respecter les dames, les prudhommes (les hommes de bien et d'honneur) et l'église, le principal initiateur est Gornemant de Gorhaut 62) qui, après lui avoir appris le métier des armes, lui apprend aussi à avoir merci de l'adversaire vaincu , c'est-à- dire à se comporter avec honneur. [...]
[...] Dès lors, P prend conscience de ce que tous les actes de sa vie ont un sens religieux, et il part à la recherche de ces deux objets devenus symboliques : le Graal et la Lance qui saigne. Après avoir été pratiquement assimilé à l'ordre des laboratores par les chevaliers, après avoir rejoint celui des bellatores, P entre dans celui des oratores, donnant ainsi à une chevalerie terrestre de plus en plus présentée comme condamnable une dimension célestielle sur laquelle les continuateurs de Chrétien de Troyes mettront l'accent. [...]
[...] Et ce n'est qu'après l'épisode frustrant du Graal que P sera en mesure de ressentir et de se dépasser : il trouvera alors son nom Perceval le Gallois, sera capable de défendre deux jeunes femmes, la Demoiselle de la tente et la Demoiselle qui a ri, et surtout accédera à une véritable intériorité lors de la vision des gouttes de sang dans la neige. Il deviendra alors un véritable chevalier courtois, adoptant les mœurs plus raffinées de la cour du roi Arthur. [...]
[...] Dès lors, c'est la route elle-même qui prend de l'importance dans la formation du héros. Or, les repères qui balisent l'itinéraire de P sont récurrents : P va de lieux ouverts (la forêt) en lieux clos (des châteaux entourés d'eau). La forêt est le lieu de naissance de P , en même tps c'est un lieu obscur 45) et solitaire , où l'on peut se perdre, où se trouver ( cf. l'ermite ) Ainsi, il rencontre la Demoiselle de la tente après avoir dormi dans la forêt ( loin du manoir maternel après avoir quitté la cour il galope par la forêt avant de rencontrer G ; après la scène du Graal, il s'enfonce dans le bois et y trouve sa cousine qu'il quitte pour chevaucher dans le sentier bien clair où il délivrera la Demoiselle de la tente mais c'est surtout dans la forêt profonde où vit l'ermite qu'il se retrouvera lui-même. [...]
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