Il s'agit ici de l'ouverture du roman. Tchen est un révolutionnaire chinois, un des personnages principaux. Il est chargé ici d'éliminer un contre révolutionnaire, qui dort dans sa chambre.
On peut se demander, dans une telle situation, jusqu'où peut aller l'engagement pour une cause et la responsabilité de l'homme.
Tout d'abord, ce héros semble marqué par la peur, l'angoisse et la mauvaise conscience car il n'avait pas imaginé une telle situation. Cette prise de conscience provoque ensuite l'attente et la difficulté à agir car le personnage est pris entre ses contradictions. Ce début de roman apparaît enfin très original et pose un problème ontologique (...)
[...] Pris ou non, exécuté ou non, peu importait. Rien n'existait que ce pied, cet homme qu'il devait frapper sans qu'il se défendît car, s'il se défendait, il appellerait. Les paupières battantes, Tchen découvrait en lui, jusqu'à la nausée, non le combattant qu'il attendait, mais un sacrificateur. Et pas seulement aux dieux qu'il avait choisis : sous son sacrifice à la révolution grouillait tout un monde de profondeurs auprès de quoi cette nuit écrasée d'angoisse n'était que clarté. Assassiner n'est pas seulement tuer . [...]
[...] Malraux aborde ici le tragique de la condition humaine, comme beaucoup d'auteur de son époque. Mais on ressent aussi le caractère abject de cette situation et les interrogations qu'elle implique. La recherche d'un idéal a-t-elle le droit d'aller jusque là? Le héros ne se sent-il pas ici prisonnier de celui-ci? Conclusion : La situation dramatique et surprenante de cette première page présente un héros en proie au doute, écœuré par l'acte qu'il doit commettre, qu'il va commettre. Son originalité tient aux différentes influences qui transparaissent à travers ce récit, roman historique, policier, cinéma . [...]
[...] Ce n'est plus un combat, mais un assassinat; par conséquent, l'idéal révolutionnaire y perd beaucoup. C'est cette même interrogation que posent certain grands auteurs de cette époque tourmentée, comme Albert Camus avec Les Justes, lorsque les révolutionnaires se demandent s'ils ont le droit de sacrifier un enfant pour éliminer la tyrannie. [...]
[...] Nous partageons donc les angoisses et les hésitations du personnage. Les emprunts à différents genres : Les repères temporels sont précis et servent ici de titres de chapitre, la date renvoyant à un moment de la révolution chinoise, ce qui inscrit cette narration dans un cadre historique et réaliste. Le roman est entièrement construit ainsi et avance par dates successives, avec d'importantes ellipses. En ce sens, on peut le rapprocher du cinéma qui offre différents tableaux. De même, les changements de point de vue peuvent évoquer différents plans, des mouvements de caméra, un gros plan par exemple pour le premier paragraphe, avec ensuite un zoom sur le pied de la victime, accompagné des bruitages de l'extérieur, un plan sur le héros pour le dernier. [...]
[...] Toutes les marques de sa réflexion traduisent celle-ci. Il cherche un signe du destin, quelque chose qui pourrait lui prouver le bien fondé de son acte. Mais il ne peut compter que sur lui-même, comme le montre la dernière phrase : Mais non, il ne se passait rien : c'était toujours à lui d'agir. qui traduit aussi sa pensée. Il est passé de l'hébétude, au début du texte, à la stupéfaction stupéfait à la fin. Donc la situation n'a pas évolué. [...]
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