Partant du constat de l'affaiblissement du civisme et des liens politiques qui provoque un doute sur la capacité des nations démocratiques modernes à assurer la pérennité du lien social, Dominique Schnapper se propose d'étudier dans La communauté des citoyens (1994) les idées dans leurs relations avec les réalités sociales, en s'appuyant donc à la fois sur les théories des grands philosophes classiques et modernes et sur un certain nombre d'expériences nationales
[...] La communauté des citoyens. Sur l'idée moderne de nation, qui a obtenu le prix de l'Assemblée Nationale 1994, se situe pleinement dans la mouvance des essais ou des réflexions portant sur la recherche d'éléments de définition de notre monde contemporain, privé de sens selon certains. En se référant à l'idée de nation, Dominique Schnapper contribue à donner plusieurs pistes de réflexion sur ce point à la fois par des observations et par une argumentation articulant une série de concepts et de théories. [...]
[...] C'est l'État et les institutions politiques qui lui donnent corps. L'action de l'État ne peut avoir pour ambition que de créer les conditions du fonctionnement de la société politique et d'instituer la spécificité nationale qui fonde l'adhésion des citoyens. La nation démocratique appartient à l'ordre politique rationnel, mais elle doit emprunter de nombreux caractères symboliques et rituels au religieux. Dans la mesure où c'est la volonté des citoyens qui la légitime, elle dépend, plus encore que les autres unités politiques, du fait que ceux-ci ont intériorisé les valeurs communes. [...]
[...] La nation intègre donc les populations en une communauté de citoyens dont l'existence légitime l'action intérieure et extérieure de l'État. Ainsi, l'État, en tant qu'instrument de la nation, exerce son action à la fois pour intégrer les populations par la citoyenneté et pour agir dans le monde. Quant à la nation, elle n'est pas donnée une fois pour toute : la nation peut être analysée en termes sociologiques comme le fruit d'un processus d'intégration de la société par la politique, qui par définition n'est jamais achevé. [...]
[...] La nation n'est pas seulement une communauté de citoyens c'est aussi une unité politique. L'idéal-type de la nation implique non seulement que l'État soit l'instrument de l'intégration interne, mais aussi qu'il agisse souverainement dans un système international fondé sur l'idées de souveraineté des nations-unités politiques. La spécificité de la nation moderne consiste à intégrer toutes les populations en une communauté de citoyens et à légitimer l'action de l'État, qui est son instrument, par cette communauté; elle implique donc le principe du suffrage universel (participation de tous les citoyens pour choisir les gouvernants et juger des modes d'exercice du pouvoir) et la conscription (participation de tous les citoyens à l'action extérieure (p.49). [...]
[...] Dominique SCHNAPPER La communauté des citoyens. Sur l'idée moderne de nation Paris, Gallimard nrf essais Dominique Schnapper est professeur de sociologie à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Auteur de La France de l'intégration, sociologie de la nation en 1990 (1991) et L'Europe des immigrés, essai sur les politiques d'immigration (1992), deux ouvrages dans lesquels le thème de la nation est très présent, elle a également participé à la rédaction d'ouvrages collectifs notamment Musulmans en Europe (1992) ou Six manières d'être Européen (1990). [...]
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