Commentaire composé de la 2ème séquence du "Voyage au bout de la nuit" de Céline. La séquence s'articule en trois moments forts, narrés de manière chronologique. La guerre qui est d'abord décrite comme une supercherie s'appuie sur le passage "avec le colonel au milieu de la route". Ensuite, éclate aux yeux du narrateur la réalité meurtrière de la guerre et c'est la mort au premier plan, celle du colonel et du messager. Et enfin, la guerre qui n'exclut pas la contingence alimentaire représente la "distribution de la viande".
[...] leur délire, ces monstres L'incompréhension ordinaire traverse toute cette séquence ; le lecteur retrouve cette idée après la scène de l'obus meurtrier, p.18, Puisqu'ils ne veulent rien comprendre à rien, c'est ça qui sera avantageux et pratique qu'ils soient tous tués très vite . (Et le combat cessa, faute de combattants). Notons cependant que ce sont les autres qui ne comprennent pas ; lui, Bardamu, comprend des choses. Jamais je n'avais compris tant de choses à la fois dit-il page 19. L'incompréhension peut se doubler d'un cynisme certain qui refuse tout pathétique : page 14 Donc pas d'erreur ? Ce qu'on faisait à se tirer dessus . [...]
[...] Ainsi, le maréchal des logis qui a été tué ne l'a pas été au champ de bataille, ou au combat, face aux allemands, mais il a été tué en remplissant une tache élémentaire pour ne pas dire alimentaire comme si le tragi-comique faisait irruption là. Il a été tué en allant chercher le fourgon à pain sur le route des Étrapes, mon colonel ! p.16. D'ailleurs, la dernière réplique du colonel corrobore la petitesse de l'événement : Et le pain ? [...]
[...] La dénonciation de la guerre se fait par le biais de ces deux outils que sont la dérision et le cynisme, utilisés crescendo, pour qualifier la chose : une formidable erreur P.12, une immense universelle moquerie p.12, cette imbécillité infernale p.13, une croisade apocalyptique (p.14) ; puis le même jugement réapparaît de manière plus ramassé page 14 cette abomination ? Qu'il y avait méprise ? Abominable erreur ! à l'aide d'un passage de l'adjectif au nom pour énoncer la même idée. De la bêtise, l'on glisse vers la folie. [...]
[...] La contestation peut être mêlée d'irrespect ou d'ironie, comme dans la description énumérative du bas de page 13, longue phrase de neuf lignes, cette longueur sans doute pour rendre compte, si possible, des deux millions de fous héroïques évoqués. C'est l'armée entière qu'il dénigre en les comparant à des chiens enragés et vicieux ! La dénonciation est ici sévère ; Parfois, dans un élan fraternel, Le simple soldat Bardamu envisage très bien de s'expliquer avec le colonel : Je lui expliquerais les choses telles que je les concevais. page 15 ; dans une négation totale de la hiérarchie militaire. Bardamu, en 3ème lieu, est et se montre totalement irrespectueux des valeurs héroïques. [...]
[...] Et par une mise en avant de la bêtise humaine. Par exemple, Dans le comportement des individus : il y a l'absurdité de la situation de départ : qu'on avait fini par se mettre, le colonel et moi, au beau milieu de la route page 11 et pour y faire quoi ? moi tenant son registre où il inscrivait ses ordres Sous-entendu possible : on n'aurait pas pu nous mieux placer pour attirer les balles des Allemands L'incompréhension face aux êtres humains concerne aussi les belligérants que sont les soldats allemands : les Allemands aussi peut- être qu'ils savaient, mais moi, vraiment je savais pas. [...]
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