Commentaire d'extraits de « Tel quel », de Valéry, donnant une définition personnelle du lyrisme. Ce commentaire s'attache à analyser et à remettre en question la thèse de l'écrivain autour d'un développement du lyrisme comme voix dans une perspective historique liant le lyrisme à une tradition orale.
[...] En affirmant un lyrisme comme travail d'expressivité avec l'exclamation, Valéry envisage une définition du lyrisme autour d'un acte de parole renvoyant au regret au souhait à une nostalgie mais le travail poétique peut également se construire à travers d'autres actes de parole. L'interrogation peut également se constituer comme posture d'énonciation lyrique. Chez Guillevic la question est réifiée dans Paroi. Il y a la paroi et la question tout au long de la paroi : des parallèles paroi qui ne peut être faite que de l'absence de réponse aux questions ».Par cette représentation de la question comme paroi Guillevic témoigne de la position centrale de l'interrogation dans la réflexion et l'écriture poétique. [...]
[...] La voix est véritable transcription de l'observation. Chez Valéry elle répond à une obsession il me faut éperdument traduire l'observation aigüe ne suffit pas. L'écrivain postule ici une double origine de la voix. Une voix issue [ ] des choses présentes c'est-à-dire une voix qui se constituerait comme transcendante. L'autre voix provoquée quant à elle semble s'identifier à la voix du sujet auteur de la parole lyrique. Guillevic prend également l'existence de ces deux voix comme matière de ses poèmes. [...]
[...] Le poète figure projette visualise spatialise ainsi qu'il l'exprime dans son Art poétique. Sa démarche est l'exercice d'une vision mentale j'imagine des choses qui se situent dans un espace, qui en occupent une partie ».Le corps et l'esprit sont ainsi mobilisés dans une démarche qui dépasse la recherche d'une musicalité même si cette dernière n'est pas révoquée. Suite à cette défense d'une voix centrale dans la littérature liée à la tradition Valéry déplore sa perte et étudie les transformations de la littérature par le déplacement de la voix au regard. [...]
[...] Dans son Art poétique Guillevic propose une réflexion autour de la confusion entre voix et vision. Je vois peut être ce que j'entends, j'entends peut être ce que je voix peut être rien de tout cela ».Il utilise la modalisation pour témoigner de son incertitude quant à savoir si c'est l'organe de la vue ou la manifestation d'une parole qui se déclare en premier dans le travail poétique. Il réunie les deux comme souffle de sons de couleurs et de formes ».Chez Jaccottet dans Airs se fonde une quasi identité entre le chant et le regard qu'est ce donc que le chant ? [...]
[...] Valéry insiste sur la dimension historique de cette voix envisagée comme l'organe originel, premier accompagnateur du travail littéraire. C'est précisément sur tout le poids de la tradition qui se présente derrière cette voix qu'Apollinaire réfléchit dans nuit rhénane ».le chant de la fable du batelier est repoussé que je n'entende plus le chant du batelier pour appeler un chant nouveau redéfinissant le lyrisme debout chantez plus haut . Au terme d'une dialectique entre ces chants il exalte la voix ancienne élégiaque qui chante la mort du chant de la fable la voix chante toujours à en râle-mourir ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été ».le vers final se constitue en rupture avec la notion de chant dans une surenchère moderniste mon verre s'est brisé comme un éclat de rire ».la syllepse de sens sur verre convoque le vers vecteur de la voix poétique ici privé de sa dimension harmonieuse dans son élan de chute. [...]
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