Dix ans après l'Edit de Villers-Cotterêts (1539) qui instaure l'usage du français à la place du latin dans tous les documents administratifs, Joachim du Bellay rédige le manifeste de la Pléiade, Défense et Illustration de la langue française : les poètes de La Pléiade y expriment leur volonté de défendre le français contre ses détracteurs : ils souhaitent écrire en français et non plus en latin, enrichir leur vocabulaire en langue française ? y compris le vocabulaire prosaïque et technique, sans refuser pour autant de composer des oeuvres inspirées des Anciens ? les auteurs grecs et latins. En poésie, ces écrivains imposeront l'alexandrin et le sonnet, et particulièrement Du Bellay qui publie son dernier grand recueil, Les Antiquités de Rome, en 1558, après son retour d'Italie où il venait de séjourner (...)
[...] Du Bellay marque ainsi les limites de la comparaison si bien amorcée dans les quatrains : l'hiver à Rome ressemble à l'hiver aux champs, mais d'une part, les pilleurs ne sont pas les glaneurs et d'autre part, la succession des saisons qui joue pour le blé il y aura une autre moisson l'année suivante, ne joue plus du tout pour Rome, qui, champ de ruines, n'est pas près de retrouver sa grandeur passée. Dans ce sonnet, du Bellay nous décrit avec habileté les différentes étapes de la culture d'un champ de blé, qu'il assimile ensuite aux différentes étapes de la civilisation romaine : naissance, développement, déclin. Cette comparaison exprime en réalité une critique de l'idéal romain : lors de son séjour à Rome, du Bellay a cherché la Rome antique, mais il n'a rencontré que ruines et pillages. [...]
[...] Enfin, différents éléments donnent à ce texte une valeur argumentative : sa structure, les temps des verbes, la présence de la mort. Sur le plan structurel, d'abord, les deux quatrains comprennent sept subordonnées de comparaison et commencent tous deux par la conjonction de comparaison comme le second quatrain étant fortement lié au premier par la conjonction de coordination et L'adverbe de liaison ainsi du vers placé au début des tercets, a une grande force lui aussi car il introduit le comparé, transformant les propositions des quatrains en autant d'arguments d'analogie. [...]
[...] Le paysan est content de l'abondance de sa récolte. L'Empire romain, lui, c'est-à-dire le comparé, constitue le thème des tercets : du Bellay évoque son histoire, sa grandeur révolue, ses richesses pillées. En effet, le poète fait allusion à la chute de l'empire au milieu du siècle. On relève les champs lexicaux de l'histoire de Rome empire romain ( v barbare main ( v ) - l'adjectif barbare désigne à la fois ce qui se rapporte à des non-civilisés et à ceux qui n'étaient pas citoyens romains. [...]
[...] En poésie, ces écrivains imposeront l'alexandrin et le sonnet, et particulièrement Du Bellay qui publie son dernier grand recueil, Les Antiquités de Rome, en 1558, après son retour d'Italie où il venait de séjourner. Le sonnet XXX tiré de ce recueil, est écrit en alexandrins. L'auteur compare l'évolution de l'Empire Romain à celle d'un champ, mais, comme le comparant est cité avant le comparé, il faut attendre la lecture des tercets pour connaître le thème du poème : la décadence de Rome qui traduit en fait la déception du poète. [...]
[...] Les répétitions de mots ou de racines, enfin, associées aux allitérations, martèlent les étapes, mais elles connotent aussi le geste répétitif du faucheur : allitérations en verdure de verdure se hausse en tuyau verdissant du tuyau se hérisse en épi florissant Les allitérations en / dans les six premiers vers, sont placées sur les accents, de façon à peu près régulière, c'est-à-dire dans le premier hémistiche, à la césure et à la fin du vers Comme le champ semé en verdure foisonne / De verdure se hausse en tuyau verdissant Du tuyau se hérisse en épi florissant On s'aperçoit également que les trois premiers vers sont construits de la même manière : après la césure, on trouve le groupe prépositionnel en + nom formant ainsi un parallélisme de construction qui contribue à rythmer la croissance du blé. De plus, l'auteur emploie au vers 6 la métaphore des cheveux blonds qui ondoient pour qualifier les nombreux épis de blé qui jaunissent et se penchent au vent. Les assonances en [ õ ] et [ ã ] aux vers 5 et 6 Et comme en la saison le rustique moissonne / Les ondoyants cheveux du sillon blondissant - connotent le geste ample du faucheur et l'harmonie entre l'homme et la nature. [...]
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