Le poème étudié ici correspond à un sonnet composé de vers en décasyllabes de Joachim Du Bellay, tiré du recueil L'Olive, à la manière du Canzioniere de Pétrarque. C'est à travers ce recueil que le poète fait l'éloge, place sur un pied d'estale Olive qui est certainement l'anagramme de Viole, femme qu'il a aimé. A travers ce poème, le poète élève son idéal féminin, sa dame inaccessible. A travers ce sonnet, nous serions tentés de faire le rapprochement avec la poésie du Moyen-Âge, notamment du point de vue du topos de la dame inaccessible, qui nous fait sans doute remémorer l'amour courtois, le fin'amor où le poète chante la dame qu'il aime mais qui lui est supérieure et inaccessible, un peu comme l'amour entre Lancelot et Guenièvre (...)
[...] En effet, deux portraits en quelque sorte de la dame sont faits. Le poète, influencé dans sa description par sa passion amoureuse, décrit la femme comme étant une Vénus, une Aphrodite. Cependant, il semblerait que cette somptueuse dame ait des pouvoirs quelque peu violents, en contradiction avec sa beauté. Le poète nous épargne une description exhaustive de la dame pour tout résumer à travers sa chevelure dorée. En effet, sa chevelure dorée annonce l'aspect d'une femme très belle. Et paradoxalement, derrière cette beauté ce cache une certaine violence. [...]
[...] Sans aller jusqu'à dire que le poète décrit une attitude masochiste, il est essentiel d'affirmer qu'il se complait dans sa souffrance, il est amoureux : j'aime, j'adore ces deux verbes sont annoncés par la conjonction de coordination et ainsi que l'adverbe toutefois avec les deux verbes au présent de l'indicatif, il y a une gradation qui montre bien l'état amoureux dans lequel se trouve le poète. Ce dernier souffre, mais les remèdes sont existants pour le sortir de sa condition, du reste, il les énumère. Ce qui est intéressant de montrer c'est cette opposition entre les quatrains et les tercets. Dans les quatrains, le poète décrit sa souffrance et dans les tercets, il décrit les moyens d'apaiser sa souffrance : il y a une opposition accentuée par le côté paradoxal. [...]
[...] La dame exerce donc, et cela fait partie de son pouvoir dévastateur, une influence terrible sur le poète. Nous remarquons aussi que ce dernier met sur un pied d'estale cette dame qui le fait tant souffrir mais qu'il aime. Ce thème de la dame dominatrice, élevée sur un pied d'estale, est aussi un thème récurrent de la poésie médiévale. En effet, dans la poésie d'inspiration courtoise la femme est aussi idéalisée et cela pour beaucoup d'hommes et de poètes comme ici Du Bellay qui ne déroge pas à la règle. [...]
[...] Enfin, nous achèverons notre commentaire en montrant comment le poète porte sur un pied d'estale celle qu'il aime (III). Ces diverses étapes nous permettent de dire que malgré qu'il s'agisse d'un amour platonique, le poète, inspiré arrive à donner naissance à une certaine parole poétique. Ce poème ressemble fortement à certains poèmes du Moyen-Âge. En effet, nous retrouvons certaines caractéristiques de la poésie médiévale, notamment le topos de la dame inaccessible, du cœur prisonnier du poète par sa dame qu'il aime. [...]
[...] Et tout cela en seulement deux phrases, une pour les quatrains qui décrivent la lamentation, la souffrance du poète, et une autre phrase pour les tercets qui annoncent les remèdes plausibles à cette souffrance ainsi que sa confidence indiquant qu'il accepterait sa mort si et seulement si celle- ci venait des mains de sa dame. Le poète illustre donc bien avec des images étonnantes celle qu'il aime, qui l'inspire pour produire ce texte poétique. Il s'agit bien pour le poète de chanter son idéal féminin, un idéal auquel il ne peut accéder, un idéal lointain. [...]
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