... La pièce représentée est parodique (la parodie est une imitation qui détourne les intentions de l'oeuvre originale et en transpose de façon caricaturale et burlesque le sujet et le don). Le burlesque provient de plusieurs facteurs : les acteurs qui n'en sont pas, la tragédie qui n'en est pas une (elle se réduit à un prologue et à deux tableaux situés en deux lieux différents, l'épilogue étant refusé par les spectateurs, la langue fréquemment familière, incompatible avec...
[...] Il aurait suffit qu'il arrive un malentendu identique à celui de Pyrame et Thisbée à Thésée et Hippolyte pour que tout devienne tragique. La comédie aurait pu devenir tragédie ici comme la tragédie devient comédie. Jeu d'illusion, tout dépend du point de vue. La seule chose sûre ici : la mort qui est tournée en dérision. Mais nous pouvons nous distraire grâce à l'amour qui n'est qu'une illusion. Seule l'illusion de l'amour peut nous détourner de la pensée tragique de la mort. [...]
[...] décalage culturel acteur / rôle. intention de tragédie : résultat de parodie. La pièce représentée est parodique (la parodie est une imitation qui détourne les intentions de l'œuvre originale et en transpose de façon caricaturale et burlesque le sujet et le don). Le burlesque provient de plusieurs facteurs : les acteurs qui n'en sont pas, la tragédie qui n'en est pas une (elle se réduit à un prologue et à deux tableaux situés en deux lieux différents, l'épilogue étant refusé par les spectateurs), la langue fréquemment familière, incompatible avec l'atmosphère tragique. [...]
[...] La douleur du personnage est ainsi exhibée. Tirade de Thisbée : Les répliques de Thisbé renferment aussi des éléments relevant du registre pathétique. On retrouve les traits syntaxiques vus précédemment (phrases interrogatives, exclamatives, nominatives), des choix lexicaux et des apostrophes similaires Tu dors, ô mon amour ? v.54 ; Amants, venez gémir v.64, Vous, Sœurs qui êtes trois v.66, périphrase solennelle désignant les Parques, Ma langue, plus un mot v.72, Epée fidèle, v.73) détournement du sens pathétique comique. Comique dans les propos de Pyrame : Les effets pathétiques manquent leur but car ils sont dénaturés par des traits comiques. [...]
[...] On trouve aussi des précisions incongrues, absurdes ou cocasses : le rappel de la place du cœur dans le corps Bien sûr le téton gauche la notation grivoise c'est un vil lion qui a défloré / Mon adorée v.22-23), l'inversion de l'ordre logique des faits maintenant je suis mort / je suis évanoui v.34-35 ou l'expression rayons ensoleillés v.1) qui s'appliquerait plus justement au soleil qu'à la lune. Les nombreuses répétitions donnent aussi le sentiment d'un propos qui tourne à vide ou s'élabore péniblement, dans une maladroite tentative d'amplification tragique : Se peut-il ? Il se peut qui est, non, non, non, qui était (v.23), Maintenant meurs, ( ) v.39. Enfin, l'accumulation imitant le style tragique détruisez, massacrez, étouffez, concluez ! v.17) ou la réalisation de la métaphore ô lune, prends ton vol v.37) inscrivent nettement le passage dans le registre comique. [...]
[...] Décalage de part la double communication instaurée par la structure en abyme . Thésée, Hippolyta et les jeunes gens deviennent les spectateurs de la représentation théâtrale donnée par les artisans. Dans leurs interventions, ils ne s'adressent qu'exceptionnellement aux artisans, marquant ainsi la distance qui sépare l'acteur du spectateur (distance relative dans le théâtre baroque, en raison du dispositif scénique et de la fréquence des adresses au public). En revanche, Thésée, Hippolyta et les jeunes gens dialoguent entre eux, échangeant impressions et appréciations sur la représentation à laquelle ils assistent Une tragédie qui tourne au burlesque. [...]
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