Commentaire composé de la Scène 2 de l'Acte II de <em>Dom Juan</em> de Molière. Il expose dans cette scène la stratégie utilisée par Dom Juan pour abuser des femmes. Chez Dom Juan, la flatterie commence par un étonnement prolongé que marque les multiples exclamations et interrogations qui ponctuent son discours.
[...] Elle doit même, sans se rendre compte de son ridicule, montrer ses dents comme un cheval. L'outrance du discours doit être accentué par de grands gestes qui caricature la passion amoureuse : mains sur le cœur, yeux enamourés, pauses sensuelles au moment des agenouillement pour baiser la main, serment à la face de Dieux, qui sont en fait des blasphèmes. Cette exaltation et cette gesticulation amoureuse sont d'autant plus comiques que Sganarelle ne doit pas manquer d'exprimer, par ces regards et ces attitudes, sa lassitude devant un scénario qu'il connaît par cœur et sa pitié pour une pauvre fille déshonoré sous ses yeux et pour laquelle, par lâcheté, il ne fait rien. [...]
[...] Ce jeu bien sûre est cruel est révèle la perversion de Don Juan. La résistance de Charlotte : Charlotte est éblouie par Don Juan, elle qui dans la scène précédente avait une position supérieur et manifestait, à l'égard de Pierrot, dédain et froideur, ce trouve maintenant dans la situation fragile de l'amoureuse consciente de surcroît, de la barrière sociale qui la sépare de Don Juan ; elle adopte un ton de soumission : vous suis bien obligé», «monsieur c'est trop d'honneur que vous me faites». [...]
[...] Mais c'est par l'allure noble de son discours qu'il se distingue le plus, il use d'un ton courtois pour faire sa déclaration : «N'ayez point de honte d'entendre dire vos vérités» ; «s'il vous plait» ; grâce» ; vous prie» ; «souffrait que je les baise». Il sait tourner le compliment avec un raffinement précieux : «Point du tout, vous ne m'êtes point obligée de tout ce que je dis, et ce n'est qu'à votre beauté que vous en êtes redevable» (ligne 52). Charlotte n'a sûrement pas l'habitude d'être traité avec autant d'égard. Promettre : La flatterie et le charme personnel seraient insuffisants pour séduire promptement si Don Juan ne faisait pas implicitement une promesse de mariage. [...]
[...] Le raffinement dans l'érotisme de la séduction est porté à son comble avec l'usage du blasphème. Charlotte accuse Don Juan de la railler. Celui-ci, alors qu'il ment affrontement, se défend en évoquant Dieux : «Moi me railler de vous, Dieux m'en garde». Il pousse même l'insolence jusqu'à se faire allégrement passer pour un envoyer divin : ciel m'a conduit ici tout exprès pour empêcher ce mariage». Méchanceté, hypocrisie, impiété, ingratitude ; tels sont quelques uns des ingrédients qui composent chez Don Juan le plaisir de faire le mal. [...]
[...] Pousser enfin par une secrète ambition, elle écoute avec intérêt ses alléchantes propositions. Ils se présentent en effet à elle comme le prince charmant qui vient l'enlever à sa misère et lui promettre le bonheur amoureux. Charlotte ne peut résister au romanesque de cette situation où le rêve devient réalité. En fait, sans le savoir elle est la proie d'un fauve. La perversion du héros : Don Juan est un pervers qui, pour satisfaire son égoïsme et son appétit de jouissance, ne recule devant rien. [...]
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