Commentaire composé de la rencontre avec le Chinois dans « L'Amant », de Duras.
[...] Cette aventure avec le Chinois aura cependant déterminé en elle un certain mode d'aimer, d'évoquer l'amour et la fascination. L'autobiographie apparaît alors comme une libération mais aussi comme, sans doute, le prétexte d'une trahison on sait que, à la suite de la récente mise en images de L'Amant et après la mort du personnage réel, Marguerite Duras écrivit une deuxième version de son texte, L'Amant de la Chine du Nord : elle éprouvait le besoin de se réapproprier sa propre histoire. [...]
[...] Il lui dit que le chapeau lui va bien, très bien même : l'impact de cette confrontation et de sa perception chez le Chinois est presque excessive, intense, comme le démontrent les adverbes très et si tôt - l'épisode mythique Cet épisode acquiert une tonalité mythique parce qu'il reprend le fantasme de la rencontre amoureuse, de la reconnaissance implicite de l'autre mais aussi parce qu'il défie les conventions pour affirmer une volonté d'être à part entière. La passion amoureuse ne saurait, en effet, faire l'économie de la transgression qui produit son dénouement tragique mais alimente son dynamisme et accroît son intensité. C'est très facilement, sans hésitation que la jeune fille accepte d'être accompagnée comme si elle s'attendait dès le début à cette proposition qui conclut ce dialogue anodin, sans réel intérêt, si ce n'est de nourrir la curiosité du Chinois. [...]
[...] Tout s'enchaîne avec une facilité déconcertante. Ceci est suggéré par les séquences, rythmées de la même façon, leur allure nonchalante, la quasi absence de ponctuation intensive comme les exclamations, la tonalité légère qui émane de la rencontre à la fois en et hors le monde. CCL GENERALE : Dans ce texte, Duras capte l'indicible, le travail du désir, l'expression de la force d'attraction qui unit deux êtres sans distinction de race ou de catégorie sociale. Tous les repères semblent s'évanouir pour dramatiser le premier échange amoureux dont l'intensité se mesure à la discrétion même. [...]
[...] Et, certes, la jeune fille n'a pas les moyens de faire autrement que d'emprunter le bac. Aussi ne lui répond-elle pas vraiment. Elle ne parle pas : elle attend, comme mystérieusement avertie qu'autre chose est en train de se dire entre eux. Au-delà de la parole se tissent les liens amoureux, et, surtout, ceux du désir, un langage de deux corps accordés. Duras dramatise la rencontre de la jeune fille qu'elle fut et de l'amant chinois en épurant l'évocation jusqu'à en faire un modèle de l'ellipse narrative. [...]
[...] Au travers du Verbe, les êtres naissent à leur propre désir. Aussi l'échange s'amorce-t- il au style indirect : Elle lui dit qu'elle ne fume pas, non merci Alors il lui dit qu'il croit rêver Parfois, le discours se libère de l'armature pesante imposée par la subordination et l'auteur passe à l'indirect libre comme en témoigne la restitution des signes de ponctuation respectant les tonalités affectives et les lenteurs de la diction : c'est original un chapeau d'homme, pourquoi pas ? [...]
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