Commentaire composé très complet de la scène 5 de l'Acte II de Phèdre. Dans ce passage, Phèdre, se croyant veuve avoue son amour démesuré à son beau-fils Hippolyte. C'est d'une façon poignante que Racine nous montre les dangers et les déboires de la passion, signature de la morale sévère du classicisme.
[...] Effectivement, sa flamme intérieure la détruit complètement au vers 690 j'ai langui, j'ai séché dans les feux, dans les larmes De plus, le rythme emphatique de ce vers marque son désespoir, elle se trouve dans une situation inextricable comme l'attestent la gradation langui séché et l'oxymore feux- larmes L'idée de la décadence physique et morale atteint son paroxysme à la fin de la tirade lorsque Phèdre personnalise son cœur impatient je le sens qui s'avance : elle est déjà sans vie, il ne reste plus qu'à le concrétiser. Ainsi ce passage nous montre les ravages d'une passion obsessionnelle destructrice. Aussi, Phèdre éprouve des sentiments violents. [...]
[...] En venant vers Hippolyte, elle avait l'intention de lui demander de ne point haïr son fils mais ce n'est pas ce qu'elle fait comme l'indique la tournure d'intention au vers 695 je te venais faibles projets son champ d'action est limité. Elle emploie notamment la tournure restrictive je ne t'ai pas pu parler que au vers 698. Non seulement Phèdre ne contrôle pas ses actions mais encore les dieux la manipulent. La métaphore du vers 680 ont allumé ce feux fatal reflète le feu qui dévore et détruit, et cette idée est appuyée par l'allitération en qui suggère la consumation intérieure. [...]
[...] D'ailleurs, celui-ci ne la regarde pas comme l'illustre la tournure répétitive tes yeux tes yeux alors Phèdre fait des suppositions ou ou ou face au silence de son beau-fils. Désespérée, cette dernière le supplie de réagir en utilisant des termes relatant l'instant il suffit un moment mais Hippolyte reste distant et indifférent. Elle l'engage alors à la tuer : voilà mon cœur : c'est ici et grâce aux déictiques et au présent d'énonciation, on peut aisément visualiser ses gestes. Poussée à bout par cette interpellation restée vaine, Phèdre lui prend son épée vers 710/711 prête-moi ton épée donne pour en finir. [...]
[...] Et devant l'indifférence et le mépris d'Hippolyte face à ses aveux, Phèdre l'incite à se venger. Puisqu'elle est dans le péché, elle appelle à la vengeance aux vers 699 et 701 venge toi [ ] punis-moi délivre l'univers sous forme d'ordre en utilisant des impératifs. Pour susciter une réaction de son beau-fils toujours impassible et insensible, Phèdre tente de le manipuler en usant d'un registre qui lui est familier : elle emploie une métaphore guerrière aux vers 700/701 héros délivre l'univers monstre afin de parvenir à ses fins. [...]
[...] Ainsi, Phèdre analyse ses actions et sa passion avec clairvoyance, et affiche sa volonté de lutter. Par ailleurs, des valeurs nobles habitent Phèdre. En effet, l'héroïne reconnaît la nature criminelle et pécheresse de son amour ne pense pas que je m'approuve moi-même et avoue tout de suite ses sentiments v 673 j'aime Elle a sa faute en horreur et condamne son comportement avec un vocabulaire du jugement lâche complaisance si honteux qui illustre cette auto-condamnation. Les adjectifs indignes et trop vil reprennent cette certitude qu'elle commet une faute morale impardonnable. [...]
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