Commentaire composé du poème « Je n'ai plus que les os... » de Pieere de Ronsard. Publiés deux mois après la mort de Ronsard, ses Derniers Vers constituent une ?uvre poétique autobiographique, puisqu'ils décrivent sa propre agonie. « Je n'ai plus que les os... » est l'un des sonnets du recueil : Ronsard commence par y tracer son autoportrait sous forme de cadavre, puis il semble prendre congé de la vie et de ses amis. Dans ce poème pathétique, Ronsard réussit à surmonter l'indicible en faisant le récit de sa propre mort. Par définition, personne ne peut raconter ses derniers instants.
[...] Et l'on entend un écho du deuxième vers dans les mots désassemble (v.8) et dépouillé où l'on retrouve le préfixe dé La présence de la première personne du singulier est très importante dans le premier et le quatrième vers : Ronsard rend ainsi très personnelle cette description de cadavre, qui est aussi très visuelle, comme le montrent les verbes semble et voir Le contraste entre la conscience extrêmement lucide qu'il a de son état physique et le délabrement de son corps est saisissant : la vivacité virtuose des vers s'oppose à son état mourant. Il semble pouvoir se décrire déjà mort, réalisant ainsi une sorte de miracle autobiographique. L'autre passage le plus étonnant du poème est sa pointe finale. [...]
[...] Mon œil est étoupé, Mon Corps s'en va descendre où tout se désassemble. Quel ami, me voyant en ce point dépouillé, Ne remporte au logis un œil triste et mouillé, Me consolant au lit et me baisant la face, En essuyant par la mort endormis ? Adieu, chers compagnons ! Adieu mes chers amis! Je m'en vais le premier vous préparer la place. Publiés deux mois après la mort de Ronsard, ses Derniers Vers constituent une œuvre poétique autobiographique, puisqu'ils décrivent sa propre agonie. [...]
[...] Puis, nous envisagerons l'émotion qui s'en dégage. Enfin, on pourra constater que ce sonnet est caractéristique de l'humanisme. Ce sonnet, quoique pathétique, peut être considéré comme assez provocateur : il est en tout cas très frappant. L'autoportrait initial et la pointe finale en sont les passages les plus saisissants. Tout d'abord, le premier quatrain peut faire penser aux danses macabres médiévales, qui représentaient des squelettes animés. Les mots os et squelette en position centrale, semblent être les pivots du premier vers. [...]
[...] Cette imprégnation de culture antique est bien l'une des maques de l'humanisme. Mais si l'on peut dire que ce texte est bien caractéristique du courant humaniste, c'est aussi parce qu'il considère l'être humain dans toutes ses dimensions. Sa déchéance charnelle (premier quatrain) , son rapport à la nature (deuxième quatrain), son rapport aux autres (tercets) sont tour à tour considérés. La première personne du singulier est souvent soulignée par sa place en début de vers, notamment au début et à la fin du poème : il s'agit avant out d'une expérience personnelle de Ronsard, et il n'y a rien de dogmatique dans son approche de la mort, puisque c'est à partir de son propre cas qu'il cherche à raconter cette expérience limite. [...]
[...] Il faut reconnaître ici Esculape qui, comme son père Apollon, était une divinité de la médecine. Dans l'allusion à leur métier le lecteur de Ronsard, qui doit partager cette culture antique, devine donc qu'il s'agit de l'exercice de la médecine. Nous pouvons aussi constater que Ronsard ne fait aucune allusion à l'enfer, au paradis, à la résurrection : d'ailleurs, son corps descend alors que dans une perspective chrétienne, il monterait plutôt au ciel. On pense alors plutôt au Hadès grec, souterrain, qu'au royaume des morts chrétiens. [...]
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