Commentaire d'un paragraphe extrait des Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar. Écrire les mémoires d'un empereur romain au second siècle après J.C et se glisser en lui, en lui donnant la parole à la première personne du singulier, relève d'un jeu littéraire séduisant, certes, mais subtil et délicat.
[...] Sans doute est-ce là que réside le plus grand intérêt de ce jeu littéraire, (les Mémoires imaginaires), à la fois subtil et ambigu. Conclusion C'est donc une œuvre à 2 voix : réflexion sur l'esclavage dans l'antiquité réflexion sur l'esclavage moderne De plus, il y a un élargissement temporel, c'est Yourcenar qui parle. En outre, apparaît des termes qui ne peuvent appartenir à Hadrien machines stupides Par ailleurs, le travail est montré comme la valeur fondamentale de notre société. Aujourd'hui, la moitié du monde est esclave de l'autre. [...]
[...] 2 voix se superposent dans ce texte : celle du narrateur, Hadrien, et celle de l'auteur, Yourcenar. Le procédé est trop évident pour avoir été inconscient, il est renouvelé trop souvent dans l'œuvre pour être fortuit (occasionnel, accidentel) : il s'agit bien d'un jeu libéré sur la double voix narrative : à aucun moment, la réflexion d'Hadrien ne s'éloigne de ce qui est historiquement possible A l'image de notre extrait, le récit tout entier propose, par la double voix du narrateur et de l'auteur, à partir du fait historique, une méditation sur la pérennité des grands problèmes philosophiques et humains. [...]
[...] Le Romain, intelligent, comprend le parti personnel qu'il peut tirer d'une grâce. L'empereur tente surtout une expérience : sans ignorer l'aspect humain du problème, il déplace celui-ci vers un plan politique, les 2 aspects de la question étant liés. A travers cet homme, devenu un emblème, le politique se demande si l'on ne pourrait pas traiter les vaincus autrement qu'en les réduisant à l'esclavage, en les rendant inoffensifs à force de bonté Il imagine une forme de participation à la prospérité (fortune) romaine, redoutant une révolte des désespérés, qui, semblables à l'homme qui l'a agressé, n'ont rien à perdre. [...]
[...] A cette servitude de l'esprit, ou de l'imagination humaine, je préfère encore notre esclavage de fait. Quoi qu'il en soit, l'horrible état qui met l'homme à la merci d'un autre homme demande à être soigneusement réglé par la loi. J'ai veillé à ce que l'esclave ne fût plus cette marchandise anonyme qu'on vend sans tenir compte des liens de famille qu'il s'est créés, cet objet méprisable dont un juge n'enregistre le témoignage qu'après l'avoir soumis à la torture, au lieu de l'accepter sous serment. [...]
[...] Mémoires d'Hadrien Yourcenar (1903 - 1987) Marguerite Cleenwerck de Crayencour dont Yourcenar est l'anagramme est née le 8 juin 1903 en Belgique, pays d'origine de sa mère. Après la mort de celle-ci, suite à son accouchement, Marguerite et son père quittent Bruxelles pour rejoindre le château du Mont-Noir près de Bailleul construit en 1824 par un trisaïeul (arrière-arrière- grand-parent). Elle y demeure alors tous les étés jusqu'en 1913 date où est vendue la propriété. Les années qui suivent sont marquées par les nombreux séjours qu'elle effectue en compagnie de son père dans différents pays européens, formant sa culture en autodidacte (sans professeur) au fil des visites. [...]
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