Le <i>Livre de ma mère</i> d'Albert Cohen est bien un texte autobiographique, dans la mesure ou l'auteur s'exprime directement à la première personne du singulier. Cependant, il ne s'agit pas d'une autobiographie traditionnelle : d'une part, le personnage central n'est pas l'auteur mais sa mère décédée, à qui il rend hommage ; et d'autre part, la narration n'est pas linéaire : elle suit le rythme des émotions de l'auteur. Dans le chapitre X, Albert Cohen exprime avec lyrisme ses remords, dans une prose poétique. Il a autrefois eu honte de sa mère, et regrette amèrement de lui avoir fait des reproches pour cette raison. Ce texte est frappant par le contraste entre sa douceur et sa douleur : douceur liée à la mère, à son amour, douleur liée à la mort et aux remords. Nous étudierons dans un premier temps le registre lyrique de l'extrait. Puis nous nous intéresserons à la nature de la relation entre Albert Cohen et sa mère. Enfin, nous nous demanderons si l'écriture autobiographique peut effacer la douleur et les fautes du passé ...
[...] Quelques autres écrivains ont su décrire avec une émotion comparable, mais dans un autre style, leurs relations avec leurs parents : on peut penser à Colette ou à Marcel Pagnol. [...]
[...] Dans le chapitre Albert Cohen exprime avec lyrisme ses remords, dans une prose poétique. Il a autrefois eu honte de sa mère, et regrette amèrement de lui avoir fait des reproches pour cette raison. Ce texte est frappant par le contraste entre sa douceur et sa douleur : douceur liée à la mère, à son amour, douleur liée à la mort et aux remords. Nous étudierons dans un premier temps le registre lyrique de l'extrait. Puis nous nous intéresserons à la nature de la relation entre Albert Cohen et sa mère. [...]
[...] Albert Cohen utilise des effets d'écho, grâce à la reprise (souvent binaire) de multiples expressions. Dans le premier paragraphe, on pourrait penser que ces répétitions donnent au texte le rythme de la berceuse qu'il évoque justement : douce si douce ma mère je me dis L'auteur insiste particulièrement sur l'expression plus jamais tout d'abord inversée jamais plus qui donne lieu à des anaphores. L'émotion est telle que la phrase perd sa structure traditionnelle pour devenir nominale : Plus jamais, glas des endeuillés La poésie de l'ensemble est renforcée par des rimes blanches posés endeuillés aimés Ce procédé de répétition se reproduit tout au long du texte, souvent en début ou fin de phrase : cruauté elle avait téléphoné cette scène sa faute une faute Oh ses pouvoir ses fautes de français et son accent étranger sainte frères tout les jours On peut aussi constater que le texte pourrait comporter de nombreuses exclamations : plusieurs phrases ont une structure exclamative, sans toutefois comporter le point d'exclamation qu'on attendait logiquement à la fin : Oh ses pleurs Oh ses petites mains Ce procédé tend à renforcer l'exaltation lyrique de l'extrait. [...]
[...] C'est le discours qui domine : il s'impose complètement dans le premier paragraphe, marqué par le présent et le futur simple de l'indicatif. En revanche, le passage au passé simple, puis au plus-que-parfait et à l'imparfait, au début du deuxième paragraphe, témoigne de la présence du récit, jusqu'à la ligne 15. Ensuite, le présent domine à nouveau dans la fin de l'extrait : Albert Cohen reprend son discours, où il privilégie l'expression lyrique de ses remords. De plus, les structures de phrases très musicales apparentent le texte à un poème. [...]
[...] D'une part, la mort de sa mère l'a laissé inconsolable. D'autre part, ses remords sont très vifs. On peut d'abord penser que ce texte est un moyen pour Albert Cohen d'effectuer une forme de deuil. Le thème de la mort s'impose dans le premier paragraphe : il s'y oppose de façon frappante au motif de l'amour maternel. L'auteur développe une antithèse entre les images de la tendresse maternelle la berceuse ( ) que sa mère me chantait ses petites mains( ) chaudes ses maladroits baisers à peine posés et les images de la mort. [...]
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