Commentaire stylistique de l'Acte II scène 9 de la pièce "Le jeu de l'amour et du hasard" de Marivaux. Analyse et interprétation des faits langagiers pour étudier la littérarité dans cet extrait de l'oeuvre.
[...] Le refoulement s'exprime également sur un second plan : à travers son combat intérieur. Silvia refuse ses propres sentiments : ma raison ne m'en permet point d'autre l.8, mais il ne faut pas que cela dure l Ces négations révèlent un dilemme qui ne se retrouve pas dans le personnage de Dorante puisque celui-ci est sincère. Alors les rares affirmations niées de celui-ci n'ont qu'un sens descriptif : je ne te perds pas de vue l.4 et restrictif : je n'ai pris qu'un prétexte l.26. [...]
[...] l.2, tu me parles, je te répons l.13 et qu'est ce que cela signifie ? l.20. Ces verbes sont d'application strictement métalinguistique. Cette prise de distance par rapport à leur propre discours engendre le comique de cette scène. c. Le spectateur complice Le spectateur est témoin de l'entretien entre Silvia et Dorante. Le public sait pertinemment que ce sont ces deux personnages qui parlent et non les deux valets : Lisette et Bourguignon. Il est alors en mesure de comprendre les refoulements et les sous-entendus étudiés précédemment. [...]
[...] Le lecteur est donc témoin de l'entretien entre Silvia et Dorante, les deux personnages principaux de la pièce de théâtre intitulée Le jeu de l'amour et du hasard de Marivaux. La situation d'énonciation se base sur un quiproquo : Silvia croit parler à Bourguignon et Dorante à Lisette. C'est un duo amoureux, mais les deux valets n'affichent pas leur réelle identité : celle de riches bourgeois. De ce fait, Silvia tente de refouler ses sentiments tout en les laissant transparaître malgré elle. [...]
[...] Il me fait de la peine» l.12. Sa raison doit être plus forte que sa passion car cette dernière se heurte aux préjugés qui gouvernent les relations sociales ; c'est ce qui apparaît lorsque Silvia dit je ne te hais ne ni t'aime [ ] voilà mes dispositions, ma raison ne m'en permet point d'autres. l et ainsi qu'à la l.17 mais il ne faut pas que cela dure Cette pression sociale s'applique d'avantage aux femmes qu'aux hommes. Ainsi Dorante ne refoule pas ses sentiments et les exprime même de manière hyperbolique : Ah, ma chère Lisette, que je souffre ! [...]
[...] Il me fait de la peine. l.12. Grâce à cette double énonciation, le spectateur est témoin de ce quiproquo et il peut donc rire de la position de ces personnages. C'est ce qu'on appelle le comique de situation, un procédé récurrent chez les auteurs de comédies comme Molière et Marivaux. CONCLUSION Les refoulements liés au combat intérieur de Silvia et ses sous- entendus révèlent un dialogue faussé. Ce décalage entre ses pensées et ses paroles, ainsi qu'entre les deux personnages, suscitent le rire chez le spectateur. [...]
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