Commentaire composé d'un extrait de "La vieillesse d'une mère coupable" de La femme de trente ans présentant un portrait de la Marquise Julie d'Aiglemont "vieille avant le temps" et celui de sa fille, Moïna. Portrait physique et intérieur de Julie, esquisse du futur de Moïna, ainsi qu'une réflexion sur la condition des femmes et la dégradation du système social au XIXème siècle.
[...] De plus, Moïna se présente comme une parfaite répétition des erreurs conjugales de sa mère. Elle aussi cherche la passion hors mariage et, à travers l'inceste qui se profile, ainsi que le portrait d'une femme usée avant le temps, c'est toute la dégradation du système social, la décadence générale des valeurs qui sont exprimés. [...]
[...] Les jeunes filles sont liées au mondain, au faux, car elles sont exhibées dans leur recherche de mari. Alors que les femmes âgées, elles, sont exclues de ce monde. C'est peut-être ceci qui fait d'elle les plus portraits les plus remarquables pour les poètes véritables, pas ceux qui fondent leur art sur la forme mais sur le fond, ceux qui ont le sentiment d'un beau indépendant de toutes les conventions sur lesquelles reposent tant de préjugés (fin du premier paragraphe p. [...]
[...] Julie n'est plus que des traces de ce qu'elle était et c'est sa fille Moïna qui s'apprête sans le savoir à prendre le relais suivre le même chemin. Julie est écartée de la société et donc de l'amour, alors que Moïna évolue dans ce monde. On observe comme un cliché romantique de la femme usée par le malheur (ici la société plus précisément), et dont la douleur serait si grande et belle qu'elle est indescriptible. Son portrait est si riche de maux qu'il ne peut être fidèlement reproduit par le peintre et doit être pris en charge par le poète qui, lui seul, possède la sensibilité requise pour rendre ces phénomènes inexplicables que l'âme saisit par la vue (bas p. [...]
[...] On pourrait aussi y voir un rappel de l'amour qu'elle ne peut pas ressentir pour cette même fille. Ensuite, le visage de Béatrix Cenci où le Guide sut peindre la plus touchante innocence au fond du plus épouvantable crime pourrait représenter la même scène de noyade provoquée par une enfant innocente, mais aussi figurer le malheur futur de Moïna. En effet, à cet état du récit, la Comtesse vient de prendre un amant en toute innocence sans savoir que des liens de sang les unissent. [...]
[...] Le portrait qui est fait de la Marquise rappelle celui qui précède sa relation avec Charles de Vandenesse, alors qu'elle avait justement une trentaine d'années. Elle est toujours rattachée au mondain, aux coutumes de la société, et ce malgré son âge, par la capote à la mode (milieu p. 306) sur sa tête. La narrateur rappelle sa chevelure noire, maintenant blanchie par de cruelles émotions et souligne que demeurent plusieurs indices de sa beauté passée. Restent aussi l'élégance et la grâce qui l'ont toujours caractérisés. Auparavant, sa posture révélait les maux dont elle souffrait, ses douleurs mystérieuses et inconnues à l'observateur. [...]
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