Explication de texte linéaire de l'Acte II scène 6 d'Electre de Giroudoux. Explication réalisée dans le cadre de la préparation du concours de l'agrégation de Lettres Modernes. Analyse d'un trio comique de type vaudevillesque.
[...] Électre m'a donné son courage. Revendication d'une solidarité féminine dans l'adversité. La femme ordinaire, commune ici semble se rapprocher de la femme mythique, ancestrale, tragique. Son goût pour l'hyperbole lui fait aller jusqu'à la mort, plutôt que de continuer à vivre ainsi. 1ère intervention du mendiant : rappelant les répliques 6 & 7 de la scène. Commentaire qui semble aller vers Agathe. Elles chantent bien = elle savent dire les choses. 3ème "Qui est-ce?" du président même procédé qu'Électre dans la scène précédente question qui revient comme un leitmotiv. [...]
[...] D'abord un groupe de 4 petites phrases coordonnées, antithétiques, opposant Je pour Agathe à Il pour son mari : jolie/laid ; jeune/vieux ; de l'esprit/bête. Une âme (sensibilité) / lui pas[1] phrases pour énumérer qu'il n'a ni la beauté, ni la jeunesse, ni l'esprit ni la sensibilité, mais paradoxalement "il a tout". = la position sociale, l'argent, le pouvoir, la respectabilité . Et une servante à demeure. (implicite) Le "il très péjoratif : comme une possession matérielle Mais en même temps, le "tout" est associé à "moi" donc à Agathe ; Pour sa personne, elle procède à l'inverse ; "c'est moi qui n'ai rien. [...]
[...] Puis 4 "pourquoi" relié à des gestes banals de la vie quotidienne, mais choisis parmi les moins reluisants : cirer les chaussures (rejoint ici peut-être la précédente image des orteils brosser les pellicules (en plus il a des pellicules) et le filtre du café Trop bonne en vérité. Elle reprend à l'inverse et à contre-pied les 3 services énumérés (le café devient poison ; le brossage du col devient salissure volontaire et les souliers, elle crache dessus Le "Mais c'est fini c'est fini" qui clôt les récriminations renvoie à la réplique comme en écho. Le "Merci Électre, tu me donnes la vie" est ici "Salut, Ô vérité. [...]
[...] Électre a raison". Réplique 4. Agathe aussi revendique une vérité, celle de la femme mariée de dire qu'elle n'aime plus son mari, ou qu'elle en aime un autre, ou des autres . Le Président minimise les propos de sa femme, d'une part en utilisant le pronom "elle" et surtout en usant du verbe "chanter" comme si ce que disait Agathe n'était que paroles sans intérêt mais aussi permet d'introduire la première longue réplique d'Agathe sous forme de récriminations, faites d'ailleurs au nom d'un pluriel féminin, et quelque peu emphatique, englobant toutes les femmes dans ses doléances de femme mariée. [...]
[...] De nombreux éléments font de cette scène, apparemment de diversion, une scène-clé. En premier lieu, c'est une scène de révélation initiale de la part d'Agathe et qui permet la révélation ultérieure, notamment celle d'Egisthe de la scène 7 et celle de Clytemnestre à la scène 8. La déclaration d'Agathe, et c'est la première qui avoue son adultère ; renvoie à cette déclaration dont parlait de manière si énigmatique le mendiant dans la scène 3 de l'Acte page 601 lui permet d'accéder au statut de personnage féminin par le fait notamment qu'elle ose proclamer des revendications féministes, totalement avant-gardistes pour l'époque. [...]
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