Explication linéaire de la scène 12 de l'Acte I d'Electre de Giraudoux. Cette étude a été réalisée dans le cadre de la préparation au concours de l'agrégation de lettres modernes. L'enjeu de cette scène est de montrer comment le grossissement parodique et la mise en avant de la théâtralité, en usant de l'écho ou du jeu de miroir, peuvent aboutir à une vérité.
[...] Giraudoux a exploité ce jeu d'écho et de correspondances. En effet, la scène 11 contient déjà en germes les motifs que la scène 12 va développer. La scène 11 peut être considérée comme un moment de pause dans l'action tragique comme le dit elle-même Électre. Page 621, réplique 25 "Puisqu'au milieu de la nuit, des haines la minute est écoulée." Le motif de la théâtralité est déjà présent dans cette scène 11 puisque les retrouvailles entre Clytemnestre et son fils prennent l'allure d'une "comédie" qui leur permettait de s'entrevoir "tels qu'ils ne sont pas" comme le dit Électre, toujours à la réplique 25. [...]
[...] Elle reprend le rôle Électre. Pourquoi intervient-elle si tardivement dans la scène ? Cela peut s'expliquer par le fait Électre est le personnage le plus entier, un critique a dit d'elle qu'elle était un bloc monolithique. Aucune contradiction ne l'habite et elle n'a nul besoin de jeux de duplication et de miroitement pour s'affirmer. Elle est celle qui pousse à agir et elle souligne l'inutilité de la parole ; elle est davantage du côté du faire que du dire. (Réplique 19). [...]
[...] Sa réplique étonnée : Lire la réplique d'Oreste page 622 peut avoir un effet comique sur le spectateur, qui ne peut ne faire que sourire, d'une part du fait de la juxtaposition de 2 tonalités opposées, d'autre part du fait qu'il y ait encore des personnages pour qui, une des histoires les plus connues de la mythologie grecque, constitue une nouvelle. La réplique suivante, Clytemnestre-Euménides est ambiguë : "pas pour ta sœur " Réponse elliptique aussi, suspensive : (Ce n'est pas une nouvelle pour ta sœur ? Tu ne viens pas pour tuer ta sœur ? Tu ne viens pas pour ta sœur ? (Lien affectif). [...]
[...] avait donné à Alcmène, de manière inventive, une fille Charissa. Or, Alcmène n'a eu que 2 fils : un avec Zeus = Hercule et un avec Amphitryon = Iphiclès. A la fin de ce second mouvement, les petites Euménides sont toujours dans leur processus fabulateur de jeu de réécriture ; elles ont distribué à Oreste d'autres rôles : celui du marié et celui du Roi. TROISIÈME MOUVEMENT / = Retour à la réalité de la pièce. Cependant la condition sine qua non pour que ce dénouement inédit se réalise, c'est qu'Oreste tue sa sœur, or il s'y refuse. [...]
[...] Par la bouche des petites filles, G. nous rappellerait qu'il existe différentes façons de jouer, mais aussi de ce fait, d'écrire Oreste et Clytemnestre. L'illusion théâtrale est alors rompue puisque la petite fille, par son jeu, rappelle que les personnages présents sur scène ne sont que des êtres de papier, des constructions littéraires imaginaires. Les petites filles s'instaurent dramaturges, ici, et nous proposent une nouvelle version d'Électre qui vient concurrencer, en quelque sorte, la version giralducienne à laquelle le spectateur vient d'assister à la scène précédente. [...]
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