Commentaire composé du poème Spleen LXXVIII extrait de la section « Spleen et idéal » des Fleurs du mal, qui présente de façon imagée les manifestations physiques liées à une profonde souffrance intérieure. Ce poème va mettre en oeuvre une de ses crises qui va progressivement atteindre toutes les facultés du poète (son esprit, sa sensibilité et son imagination) et le plonger dans l'horreur et le désespoir.
[...] Puis dans les 2èmes quatrains il est question d'Espérance, qui renvoie à un symbole et au désir de fuir, d'échapper à quelque chose. Espérance pourtant inutile car ce même quatrain illustre parallèlement l'échec de toute forme de fuite qui ce solde d'ailleurs par une souffrance physique et morale "se cognant la tête à des plafonds pourris". La comparaison du poète avec une chauve-souris renvoie à l'univers fantastique de la nuit, et à un animal aveugle et fragile qui tente en vain de s'échapper et qui est en position de faiblesse "ailes timides" Cette souffrance psychique s'intensifie dans le 3e quatrain : ici le cerveau est lui même comme prisonnier d'hallucinations (notons le nos de "nos cerveaux" qui généralise à tous les hommes). [...]
[...] Pour Baudelaire comme pour Nerval ou Edgar Poe la cloche est assimilé à l'inquiétant parfois même à Satan (voir par exemple "Le puits et le pendule"). Soulignons également l'adverbe "opiniâtrement" qui renforce cette impression de lenteur par la scansion exigée par le mot lui même et par son sens qui traduit une douleur obsessionnelle. (On force le lecteur à lire un mot difficile pour lui rappeler la souffrance intérieure du poète. Le poète semble vouloir allonger le temps et par une lenteur envahissante créer une attente, une tension à l'image su spleen. [...]
[...] Le poète est donc ici perdu et trahi, seul, de plus il est humilié car soumis à l'angoisse et aux hallucinations. La victoire de l'Angoisse, marquée par la personnification plante son drapeau noir est totale est définitive. Mais c'est aussi tout ce que le poète apprécie qui disparaît : c'est l'effondrement des valeurs du poète. En effet, l'aveu de la victoire de l'angoisse sur l'espoir domine, avec le contre rejet vers 18 de L'Espoir : l'espoir est mis à l'écart comme hors jeu. [...]
[...] C'est justement en alliant images fantastiques et déperditions de l'âme du poète que Baudelaire donne à la fois cette grande force de lecture à son poème et cette impression presque palpable de l'angoisse métaphysique. Ce poème est également le lieu d'une importante réflexion sur la place de l'homme dans l'univers : celui-ci est sans cesse ramené aux abysses du désespoir dans les poèmes de Baudelaire et c'est cela qui leurs donne toutes leur poignence et leur profondeur. Ce texte construit d'un bloc sur une métaphore illustre parfaitement le symbolisme et les sentiments qu'affectionnait Baudelaire. Ce style recherché fera de lui une référence et un initiateur du genre. [...]
[...] Charles Baudelaire, Spleen LXXVIII Contexte et Situation : Baudelaire, à partir du milieu du 19ème siècle, met en forme le style qu'est le symbolisme. Il en est le maître incontesté, et Rimbaud ira même jusqu'à le qualifier de " dieu Baudelaire crée donc cette école nouvelle, mais est encore grandement inspiré par le romantisme dont il s'inspire. Le symbolisme est l'extériorisation de ses sentiments. Baudelaire, et ce texte le prouve encore, possède une vision platonicienne de l'univers. Ici, Baudelaire exprime le " Spleen écrit en 1857. Ce texte exprime le mal de vivre, l'ennui, la neurasthénie. C'est une angoisse. [...]
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