Commentaire composé du poème "Réponse à un acte d'accusation" de Victor Hugo. Il donne de son destin personnel une représentation héroïque, mais aussi une interprétation politique. Il se pose en révolutionnaire dans le style de 1789 : c'est ce que confirme le tableau dressé par le texte de l'état de la langue et de la littérature française, au moment où commence la carrière de l'auteur.
[...] : "Et sur les bataillons d'alexandrins carrés / Je fis souffler un vent révolutionnaire / Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire". Donc, si l'on en croit Hugo, ses adversaires littéraires l'ont chargé d'un double crime : avoir révolutionné l'alexandrin, plus généralement les règles classiques de la poésie française; avoir révolutionné le "vieux dictionnaire" (le " bonnet rouge " est évidemment le bonnet phrygien, symbole de la révolution de 1789), c'est à dire le vocabulaire. Il fait allusion ici, certainement, à l'épisode de la bataille d'Hernani (1830). [...]
[...] Il passe ensuite aux genres littéraires, eux mêmes divisés en "genres bas" prose, la comédie, la farce, bons pour Molière") et genres nobles (la poésie, la tragédie : Racine, Corneille, Voltaire, cités ou évoqués à travers les personnages de leurs pièces : Phèdre, Jocaste, Mérope). De cette longue énumération d'exemples, il ressort bien que la langue est divisée selon un schéma hiérarchique, à l'image de la société. Hugo ne démontre pas de façon abstraite, il met en scène une sorte de "comédie des mots", il raconte de façon burlesque la querelle entre classiques et romantiques vers 1830 à propos du vocabulaire théâtral. [...]
[...] Dans cette évocation, c'est l'imparfait (temps de la durée, de l'immobilité, de la description) qui est employé. On y trouve fréquemment le verbe être, verbe d'état. Cette opposition révèle l'intention de Victor Hugo dans son plaidoyer : il s'agit de montrer qu'il a permis de faire évoluer une langue et un goût littéraire sclérosés, figés. Il met en valeur son énergie, ses qualités de novateur, d'homme d'action. Parallèlement, il fournit au lecteur une certaine image de sa destinée depuis l'enfance (vers 1 à jusqu'à l'époque de sa maturité (v.32-38). [...]
[...] Autrement dit, la langue et la littérature étaient comparables à la société d'ancien régime, divisée entre riches et pauvres, nobles et roturiers. Tout un réseau de personnifications, comparaisons et métaphores filées sert à V.H. pour illustrer cette thèse centrale. Ce réseau est organisé en une série d'antithèses correspondant à l'opposition peuple / noblesse. Ainsi, les syllabes et les mots sont personnifiés : il y a parmi eux les "piétons" et les "cavaliers", les "grimauds" et les "ducs et pairs", les "mal nés" et les "bien nés", les "tas de gueux" et les "nobles". [...]
[...] Ce texte est donc une page autobiographique, où Victor Hugo donne de son destin personnel une représentation héroïque, mais aussi une interprétation politique. Il se pose en révolutionnaire dans le style de 1789 : c'est ce que confirme le tableau dressé par le texte de l'état de la langue et de la littérature française, au moment où commence la carrière de l'auteur. II - UN TABLEAU DE LA LANGUE ET DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE AVANT LE ROMANTISME L'essentiel de l'extrait est en effet une longue description de l'état dans lequel Victor Hugo a trouvé la langue et la littérature quand il a commencé sa carrière d'écrivain. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture