Commentaire composé d'un extrait des « Mots » de Sartre : Partie I, de « Il n'y a pas de bon père, c'est la règle » à « dont personne, dans ma famille, n'a su me rendre curieux ».
[...] A la fin du texte, on remarque une critique indirecte de ses grands-parents. La grand-mère Schweitzer se permet de critiquer le père car pour elle, cet homme, officier de la marine, étant toujours en voyage, ne peut constituer une famille. Pendant sa grossesse, Anne-Marie, la mère de Sartre, était seule. Le père de Sartre est mort de la fièvre qu'il avait contractée en Asie. Pour la grand-mère, c'est un être qui fuit ses responsabilités. Le grand-père, lui semble ne pas avoir de gendre. [...]
[...] Le philosophe récupère la mort précoce du père en faisant apparaître sa condition d'orphelin comme une chance. "par chance il est mort en bas-âge". "moi j'étais ravi". Son père est mort juste à temps pour ne pas le rendre coupable, puisque Sartre n'a aucun souvenir conscient de lui. Il impose le respect à sa famille et à la société entière: "je comptais mon deuil au nombre de mes vertus". Mais il ne doit aucun respect à son père, dont tt le monde accuse d'être mort si jeune.=="mon père avait eu la galanterie de mourir à ses torts"; "un orphelin conscient se donne tort". [...]
[...] Son père est un "suspect", que l'on regarde de bas en haut, et lui devient responsable ("vertus") pour qu'on le regarde de haut en bas. Se fabrique une image d'exception "moi j'étais ravi" révèle bien par sa structure toute la place que le jeune garçon occupe dans sa famille. La redondance des pronoms personnels de la première personne souligne l'importance de sa condition. Le participe passé "ravi" peut avoir deux sens. Il est heureux, mais aussi enlevé, capturé de lui-même. Il est hors de lui-même. Mais de ce vide sans père, il se fabrique une image d'exception, hors pair. [...]
[...] En se posant des questions à lui-même, il en pose aussi au lecteur. "Fut-ce un mal ou un bien?". Toutes les phrases sont indépendantes, très courtes ou fondées sur un rythme binaire. Plus le texte avance, plus le rythme s'accélère, comme si le narrateur voulait combler l'absence de son père par une écriture dynamique. En écrivant sur son enfance, l'écrivain se libère de sa névrose, du vide. L'écriture lui permet de retrouver son père par la méditation sur l'homme en général. [...]
[...] Il le blâme d'avoir disparu si tôt, à 30 ans, par un décès suspect. Il semble content de se sustituer à lui, représentant la longévité de la famille. Il s'installe dans son rôle de patriarche et oublie son gendre: "Et pour finir, il l'oublia". Mais il crée un vide chez le petit-fils. Le polyptote sur "oublier" souligne ce manque, ainsi que l'opposition entre le du narrateur et le du grand-père. Conditionné par l'image du père que lui renvoient ses grands- parents, il se représente ce père comme un lâche, un suspect qui n'a pas su faire face à ses devoirs. [...]
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