Commentaire composé portant sur le monologue de Titus extrait de la Scène 4 de l'Acte IV de Bérénice< de Racine. S'inspirant de l'histoire antique, Racine met en scène l'empereur romain Titus, poussé par le Sénat et le peuple à renoncer à son amour pour Bérénice, reine de Palestine. C'est ainsi dans la Scène IV de l'Acte IV, juste avant le dénouement final, que se situe le coeur de la tragédie racinienne. Impliqué dans une crise à la fois personnelle et politique, tiraillé entre sa passion et son devoir, Titus s'interroge sur la décision qu'il a prise avant même le début de la pièce: "renoncer à l'amour et faire place à l'empire". L'action semble suspendue, Titus est seul sur scène, face à lui-même... ses conflits intérieurs sont livrés aux spectateurs et la tension atteint son paroxysme. La tragédie montre en effet l'homme aux prises avec des forces qui le dépasse. Dans cet extrait de Bérénice écrit par Racine, on retrouve un héros qui doit faire face à un choix cornélien. Il commence ainsi une introspection qui aboutira à sa décision finale.
[...] Et lorsque Bérénice arriva sur tes pas, Ce que Rome en jugeait, ne l'entendis-tu pas ? Faut-il donc tant de fois te le faire redire ? (vers 34 à 37 Titus semble être renversé, obligé de prendre une décision rapide et à contre cœur. Il semble à la fin de la tirade avoir pris une décision après une dernière interrogation : Sais-je combien le ciel m'a compté de journées ? (Vers 50). Il répond à cette question par une exclamation au vers 52 Ah ! [...]
[...] Son cœur doit prouver à sa raison qu'il doit choisir l'amour et inversement la raison tente de convaincre son cœur d'être sage et sérieux . Trouble Titus semble donc être bouleversé psychologiquement. Il est complètement perdu et ceci est d'autant plus mis en relief que son monologue commence par une interrogation : Hé bien ! Titus que viens-tu faire ? Tout au long de la tirade, il se pose une série de questions rhétoriques, dont les réponses sont souvent évidentes. On retrouve en effet 29 occurrences d'interrogative et six phrases exclamatives. [...]
[...] Ainsi, comme toute tragédie, cette scène est écrite en vers. Racine a part ailleurs utilisé l'alexandrin (vers à 12 syllabes) donnant ainsi une certaine majesté au texte. Le langage soutenu, marque de fabrique des tragédies classiques est également utilisé ici. Nous ne retrouvons en effet aucun mélange de ton : nous assistons à une scène grave et sérieuse. Le sujet même de cette tirade est inspiré de l'Antiquité : le héros incarne les problèmes des hommes face à la fatalité et de sa révolte puis de sa soumission à la volonté de Dieu. [...]
[...] On a d'une part pitié de Titus qui clame haut et fort qu'il aime Bérénice. Durant toute la scène, il ne cherche qu'à essayer de trouver un compromis pour concilier son droit à l'amour et son devoir d'empereur. On a pitié de cet amour impossible et en même temps, on est admiratif face à son courage et sa détermination. On est admiratif face à son sacrifice : il doit se sacrifier et quoiqu'il décide, il doit sacrifier sa vie d'homme ou sacrifier sa vie politique. Il doit ainsi faire face à son destin. [...]
[...] En effet, c'est un combat contre lui-même et contre son âme que commence Titus. Le dilemme du Héros met en valeur un certain dédoublement du personnage tiraillé entre l'homme amoureux et l'empereur qu'il est. Par ailleurs, l'énonciation même de la tirade montre ce dédoublement. En effet, Titus utilise à la fois la première et la deuxième personne du singulier pour se parler. La deuxième personne du singulier semble représentée la voix de la raison dans la mesure où celle-ci semble être extérieure à lui : Titus, que viens-tu faire ? [...]
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