Commentaire composé portant sur l'Incipit de l'ouvrage Les Confessions de Rousseau. Les Confessions, écrites par Rousseau en 1782 s'ouvrent sur un préambule. Dans cet incipit, l'auteur y précise son pacte autobiographique. Ainsi, il explique pourquoi il a écrit l'histoire de sa vie, et adjure le lecteur de tout lire jusqu'au bout, avec sérénité et objectivité. Pourtant, la présence de certains termes, tels que "juge", "juger" ou encore "Jugement" est révélatrice de l'état d'esprit de Rousseau. En effet, il se croit sans cesse juger, et jugé à faux par ses ennemis. Son mal semble provenir de plusieurs causes. Toutefois, l'impulsion principale à l'écriture de son oeuvre semble être la diffusion d'un écrit de Voltaire en 1761 qui révèle que Rousseau a abandonné les enfants qu'il a eus avec Thérèse Levasseur. Rousseau entreprend ainsi d'écrire les Confessions pour rectifier l'opinion déformée que le public a de lui. C'est ainsi que l'écrivain se place dans cet extrait lui-même en position de suspect et s'oblige à dérouler tout son passé, de vouloir tout dire de peur d'être soupçonné de cacher quelque chose. Il annonce donc ses intentions et revendique la singularité de son moi.
[...] Le pronom indéfini on renvoie au lecteur. Dans la deuxième partie du texte, le destinataire change : c'est désormais à Dieu qu'il s'adresse. Rousseau désigne Dieu par des périphrases : il parle du souverain juge à la ligne 10 ou encore de maître éternel à la ligne 17. Rousseau s'adresse également directement à lui-même au style direct, à partir de «Voilà ce que j'ai fait» (ligne 17). Nous remarquerons que ceci témoigne d'un certain orgueil de son part. Orgueil d'autant plus grand que les autres hommes ne sont évoqués que par comparaison à lui. [...]
[...] En effet, à la ligne 16, Rousseau dit : tel que je fus ; méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été Nous remarquerons ainsi que l'écrivain utilise deux adjectifs péjoratifs «Méprisable et vil» pour ses défauts alors que trois mots mélioratifs généreux, sublime» sont utilisés pour ses qualités. Nous noterons par ailleurs la gradation dans l'emploi de ces adjectifs positifs renforçant là encore l'inégalité entre le bien et le mal de Rousseau. Cela met particulièrement bien en relief l'aspect positif et «sublime» à travers cette hyperbole. Cet orgueil est lié aussi à la volonté de se singulariser. II. LA SINGULARITÉ DU MOI ET LA SINGULARITÉ DE L'ŒUVRE 1. [...]
[...] ; mon défaut (l14) Le narrateur parle ainsi en son nom. Notons pourtant que ce je est polyphonique dans la mesure où il représente à la fois le narrateur, mais également l'auteur et le personnage même de Rousseau en tant qu' »humain Cette première personne du singulier se retrouve par ailleurs souvent en position de sujet des phrases. Rousseau se met ainsi au centre de son entreprise. Les destinataires du projet Rousseau s'adresse à plusieurs destinataires. En effet, le récepteur, au début du texte est le lecteur. [...]
[...] En effet, Rousseau donne des ordres d'un ton assuré, y compris à Dieu. La présence des impératifs et des subjonctifs à valeur d'ordre sont révélateurs de l'autorité que l'écrivain s'est donné. Il dit en effet : «Rassemble (l18) , qu'ils écoutent (l18) , qu'ils rougissent (l19) , que chacun d'eux découvre» (l20) . Le ton utilisé est par ailleurs particulièrement solennel. Il ressort ainsi de Rousseau une certaine supériorité morale. En effet, il est celui qui demande à être jugé et pourtant il devient en quelque sorte le juge des autres. [...]
[...] Je me suis montré tel que je fus ; méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été». Nous noterons qu'en lisant les souvenirs de Rousseau tout au long de son livre, nous découvrons effectivement certaines facettes cachées de l'écrivain. Il joue réellement de temps en temps la carte de la transparence. L'épisode du ruban volé ou encore de la fessée témoigne de cette volonté d'authenticité et de sincérité. Il n'hésite pas à montrer son côté noir. Nous remarquerons par ailleurs que la répétition de quand je l'ai été . quand je l'ai été . [...]
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