De l'horrible danger de la lecture - Voltaire

Résumé du document

Commentaire composé du pamphlet de Voltaire « De l'horrible danger de la lecture » écrit en 1765. De l'horrible danger de la lecture est un pamphlet voltairien pourvu d'une grande énergie ironique qui dénonce un Etat despotique, obscurantiste dans lequel est favorisé l'ignorance. L'auteur fait ici la parodie des textes explicitant les décisions d'interdiction. Il se place dans le contexte oriental pour composer un édit d'interdiction de l'imprimerie et de la lecture (à ce moment-là, l'imprimerie venait d'être introduite en Turquie). C'est un texte construit sur des procédés d'antiphrase systématiques, et sous le couvert des accusations à l'égard de l'imprimerie il faut en voir un éloge. Voltaire critique également les pouvoirs arbitraires qui maintiennent les peuples dans l'ignorance : c'est un plaidoyer pour la diffusion des oeuvres et des idées.

Extraits

[...] Comme nous l'avons vu, l'ironie ici utilisée s'en prend aux pratiques orientales, mais visent en réalité les abus français de la censure politique et religieuse. Les moyens indirects employés permettent sans doute de contourner la censure. En revanche, l'utilisation de l'ironie tout en grossissant les contrastes dans la valorisation apparente de la bêtise, suppose un certain discernement chez le lecteur. Voltaire a ainsi choisi la caricature pour un texte assassin qui révèle des risques en ts tps et en ts pays de l'absence de liberté. [...]

[...] L'efficacité de la fiction orientale : La fiction orientale est très souvent employée par les philosophes des Lumières pour dépayser la critique. Ainsi le décor oriental qu'instaure Voltaire dans ce texte lui sert de bouclier pour ne pas heurter de front les institutions françaises et donc de contourner la censure. Ainsi, faire parler Joussouf-Chéribi, c'est mettre sur le compte de ce dernier l'opinion de Voltaire face à la censure. Les occidentaux se représentent les chefs des pays orientaux comme de méchants dictateurs. Voltaire donc, s'abrite derrière ce personnage caricatural afin de ne pas critiquer directement la censure de la France. [...]

[...] Cette ambiguïté nous permet ainsi d'agrandir l'angle de vue vers une généralisation : Voltaire ne parle pas seulement de l'islam mais également du catholicisme français qui prône la censure. Derrière la censure exercée par le religieux "Joussouf Chéribi", on peut comprendre que c'est le Pape et les théologiens de la Sorbonne chargés de la censure en France que Voltaire vise. Un éloge de l'imprimerie et de ses apports Nous l'aurons bien compris, cette parodie burlesque d'un arrêt de justice prônant l'interdiction de l'imprimerie pour toutes les raisons que nous avons développées précédemment est en réalité un éloge de l'imprimerie et de ses apports. [...]

[...] Pour Voltaire donc, l'imprimerie permet de diffuser des idées qui améliorent les conditions de vie et qui permet ainsi d'accéder au bonheur. En effet, pour l'état autoritaire, l'imprimerie est une invention pernicieuse, tandis que pour Voltaire la connaissance est indispensable pour lutter contre l'obscurantisme. Elle favorise le progrès, le confort, et fait progresser la vertu (progrès moral). Pour Voltaire, la lecture ne peut qu'être bénéfique à un pays et non le conduire à la décadence. A l'argument Voltaire soutient notamment que la lecture est un moyen de véhiculer la pensée et donc un moyen de combattre l'ignorance et d'éclairer le peuple, grand principe des philosophes des Lumières. [...]

[...] Ecrit en 1765, De l'horrible danger de la lecture , est un pamphlet voltairien pourvu d'une grande énergie ironique qui dénonce un Etat despotique, obscurantiste dans lequel est favorisée l'ignorance. L'auteur fait ici la parodie des textes explicitant les décisions d'interdiction. Il se place dans le contexte oriental pour composer un édit d'interdiction de l'imprimerie et de la lecture (à ce moment-là l'imprimerie venait d'être introduite en Turquie). C'est un texte construit sur des procédés d'antiphrase systématiques, et sous le couvert des accusations à l'égard de l'imprimerie il faut en voir un éloge. [...]