Commentaire composé de « De l'horrible danger de la lecture », de Voltaire.
[...] Ce pamphlet, à travers l'emploi des procédés amusants et dynamiques, s'attaque aux pouvoirs arbitraires, et notamment à la monarchie de droit divin et à l'Eglise, que Voltaire tourne en dérision. Le contexte oriental et l'emploi de l'ironie rendent la critique indirecte et permettent ainsi de contourner habilement la censure. Voltaire plaide pour la libre diffusion des oeuvres et des idées, et invite le lecteur à ne pas se laisser enfermer dans l'ignorance. Les dénonciations de l'intolérance, des préjugés, de la superstition, de la censure, de l'arbitraire sont des thèmes récurrents des combats de Voltaire et plus largement de la contestation philosophique des Lumières. [...]
[...] ] est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés ; le pernicieux usage de l'imprimerie et fait des rapprochements inattendus à tous les fidèles [ ] sottise et bénédiction La violence des termes pernicieux usage proscrire infernale qui sont censés justifier la décision de l'imprimerie, permettent à l'auteur d'insister sur ses bienfaits. Pour l'état autoritaire, l'imprimerie est une invention pernicieuse, tandis que pour Voltaire la connaissance est indispensable pour lutter contre l'obscurantisme. Elle favorise le progrès, le confort, et fait progresser la vertu. Voltaire laisse entrevoir entre les lignes de cet édit, les idéaux des philosophes des Lumières. Le procédé ironique permet à Voltaire de ridiculiser son adversaire, et rend la critique d'autant plus efficace. [...]
[...] Nous étudierons d'abord les arguments sur lesquels est basée la décision d'interdire l'imprimerie, puis nous verrons que Voltaire se place dans le contexte oriental et enfin qu'il use de l'ironie. Contenir un peuple dans l'ignorance et la stupidité est indispensable pour un pouvoir intolérant et fanatique. D'où la décision brutale du mouphti Joussouf-Chéribi de condamner, proscrire, anathématiser l'imprimerie, infernale décision dont les raisons sont évoquées pompeusement. Tout d'abord, pour bien gouverner, il faut maintenir son peuple dans l'ignorance. L'indicatif du verbe tendre et être souligne qu'il s'agit d'une vérité de fait. [...]
[...] Le vocabulaire rappelle lui aussi le contexte oriental : cadis fakirs imans Localiser son récit dans un pays lointain de la France et des occidentaux permet à Voltaire de se protéger de la censure : la lecture au premier degré ne montre en effet que la condamnation des régimes autoritaires orientaux, ce n'est qu'avec plus de réflexion que cela s'adapte à la France. Voltaire opère un décalage entre la solennité du ton et ce qui est dit, ce qui ne laisse aucun doute sur l'ironie de ce texte. [...]
[...] Enfin, la généralisation des connaissances médicales, offrant aux hommes une augmentation et une égalité des chances de survie, bafouerait les règles impénétrables de la Providence. L'absurde croît progressivement : les deux derniers paragraphes, non numérotés, précisent les modalités d'application de l'interdiction de lire, de la défense de penser. Joussouf-Chéribi invite par la même occasion à la délation et à la bêtise. Tous les arguments évoqués sont bénéfiques pour la grandeur et l'essor d'un pays, mais ils sont condamnés pour cela même. [...]
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