Commentaire composé du poème « Charleroi », de Paul Verlaine.
[...] À l'accumulation des sensations auditives et sonores s'ajoutent celles du toucher et de l'odorant, rendant la synesthésie quasi-totale. Le toucher transparaît d'1 certaine manière dans les vers 7 et 8 : le buisson gifle l'œil du passant, qui rend compte d'1 agression inattendue de la nature. Quant aux sensations olfactives, elles débutent dès le vers 5 avec Quoi donc se sent ?une interrog° sous forme tonique qui met l'accent sur 1 odeur inconnue. L'interrog° est récurrente au vers 13 sous 1 forme différente : On sent donc quoi ? Chiasme de la première quest°. [...]
[...] La couleur rouge des forges est amplifiée par les pluriels. La forme nominale brute et le style elliptique de ce 3ème quatrain (et du 6ème) fait penser à 1 carnet de voyage. Tout au long du poème, la nature (herbe v1, vent v3et27, buisson v7) s'oppose à l'industrie, aux bâtiments (bouges v9, forges v12, gares v14) mais les 2 éléments agressent le voyageur : un buisson gifle l'œil, des gares tonnent. Le monde extérieur s'impose aussi au voyageur par les sensations auditives qu'il perçoit. [...]
[...] Le voyageur est agressé par 1 nature personnifiée qui lui gifle l'œil (v7et8), les 2 mots étant d'autant + rapprochés que le substantif œil est rejeté dans le vers suivant. Nous remarquerons que de l'œil du passant (v7et8), on passe au pluriel au vers 15 : les yeux s'étonnent, comme si l'on passait d'1 point de vue extérieur, celui d'1 narrateur objectif décrivant 1 marche difficile au sein d'1 nature hostile, à 1 point de vue déjà personnel : les yeux sont sans doute ceux de l'énonciateur, entré dans le paysage. [...]
[...] Plus loin, au vers 14 et 15, des gares tonnent, les yeux s'étonnent, on associe l'auditif au visuel, dans 1 rythme binaire, avec 1 procédé de paronomase : on retrouve tonnent dans s'étonnent. Au vers 19 et son interpelle le voyageur et suscite le questionnement : qu'est ce que c'est ? Quoi bruissait comme des sistres ? Le verbe à l'imparfait quoi bruissait ? (v19) suggère 1 décalage, comme si on ne pouvait suivre 1 monde qui se périme trop vite pour reprendre l'expression de Christian Hervé. [...]
[...] LECTURE Tout d'abord, nous nous pencherons sur la manière dont le monde extérieur s'impose au poète dans Charleroi, et mobilise ses sens, que ce soit par la vue, l'ouie ou l'odorat. Puis nous réfléchirons sur les répercussions de ce choc entre le moi et le monde extérieur, en étudiant les réactions du voyageur, l'emploi de la syntaxe pour rendre les sensations ressenties et la manière dont on perçoit dans certaines phrases la présence de Rimbaud, son influence stylistique sur Verlaine. [...]
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