Commentaire composé d'un extrait du chapitre 19 tiré de <em>Candide</em>. Ce texte est extrait du chapitre 19 du livre Candide, à savoir au milieu de l'écrit de Voltaire et donc au coeur des mésaventures tragiques et absurdes de Candide. Le héros a fait l'expérience de la cruauté des hommes sans renoncer pourtant à la philosophie optimiste de Pangloss. Nous retrouvons ainsi toujours la même question "Où est le meilleur des mondes ?". A travers Candide, Voltaire cherche à dénoncer certaines formes d'aliénations propres au XVIII ème siècle telles la guerre entre les peuples, l'intolérance religieuse ou encore l'esclavage. Dans cet extrait, Candide et Cacambo (son valet) arrivent à Surinam, capitale de la Guyane (ancienne colonie hollandaise). Ils rencontrent un esclave. Voltaire constate en effet qu'en Amérique latine sévissent les mêmes maux qu'en Europe. Le nègre de Surinam constitue une dénonciation de l'esclavage et l'exemple même de l'atteinte aux droits de l'homme et à la liberté. La rencontre de Candide avec le nègre au sortir de l'Eldorado constitue un choc brutal et un retour à la réalité du mal. Les lecteurs, à travers cet épisode vont être confrontés à une réalité historique que Voltaire intègre à sa démonstration avec efficacité.
[...] Dans ce récit, il nous est fait mention à travers le discours direct de la mère, des conditions d'achats de ces esclaves. Le mauvais traitement fait à ces hommes est également mis en relief à travers le récit du nègre qui raconte à travers une litote ce que lui est donné un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. (Ligne 5). Cela met en valeur le statut méprisable car la toile était faite pour envelopper marchandise. Enfin, l'histoire de l'amputation de la main ou des pieds des esclaves met en lumière les mauvais soins et les punitions horribles apportés à ceux-ci. [...]
[...] Voltaire s'amuse ainsi avec les noms de ses personnages. Le maître du nègre, M. Vanderdendur est un patronyme à double sens. En effet, ce nom peut être lu de cette façon : "Vendeur à la dent dure", ce qui soulignerait le caractère cruel du négociant. Une autre interprétation est également possible : nous savons que Voltaire s'était accroché avec un libraire hollandais nommé Van düren. Ainsi, appeler ce méchant esclavagiste Vanderdendur serait une façon pour l'écrivain de faire un pied de nez à ce monsieur. [...]
[...] Il parle en effet à la ligne 3 de l'état horrible dans lequel se trouve le nègre ou encore de cette abomination à la ligne 13 pour parler de l'esclavage et parle du noir en disant pauvre homme Le pléonasme final Et il versait des larmes ( ) et en pleurant il entra dans Surinam. marque de même l'émotion de Candide qui semble par ailleurs se sentir plus proche de cet esclave. On assiste en effet à un certain glissement. Candide nomme l'esclave au début du récit par un article indéterminé un nègre puis le désigne par un article déterminé le nègre Enfin il l'appelle mon ami créant ainsi une certaine proximité et une familiarité avec celui-ci. [...]
[...] Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible». Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. [...]
[...] Nous analyserons ainsi comment la forme du conte est mise au service pour dénoncer un mal absolue qu'est l'esclavage. Voltaire est en effet face à un travail d'écriture difficile : il doit réussir à conter l'horreur. Nous verrons ainsi dans un premier temps de quelle façon l'écrivain utilise la légèreté du conte. Enfin, nous mettrons en relief la façon dont le conte devient une arme efficace. La forme du conte : La simplicité narrative : une rencontre dans une nuit de voyage Ce chapitre est écrit à la façon d'un conte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture