Commentaire composé du poème « Chant d'automne », de Baudelaire.
[...] Cependant, le texte laisse transparaître un rapport ambigu au temps. La vision du temps est effectivement ambivalente non seulement dans le domaine émotionnel, c'est-à-dire relevant des sentiments que peut inspirer le temps, mais aussi en ce qui concerne une volonté de maîtriser cet élément. Tout d'abord, un certain dualisme se fait jour, puisque d'une part, le temps suscite l'angoisse car il promet inéluctablement la mort, mais d'autre part, cette dernière semble désirée comme l'ultime recours. Le temps est donc perçu, en premier lieu, comme une source d'angoisse existentielle. [...]
[...] Une espèce de malaise entoure le lecteur, entre autres, à cause de ce bruit mystérieux qui jalonne tout l'extrait, et également par l'image du poète bercé par ce choc monotone de l'échafaud qu'on bâtit ; Baudelaire éprouverait-il une sorte de complaisance masochiste? Tout cela se fait sans doute dans l'optique de rendre l'exactitude de l'état d'esprit de l'auteur au lecteur, volonté qui peut d'ailleurs se retrouver dans le titre Chant d'automne suggérant une tonalité élégiaque. Dire le mal est déjà un premier pas sur le chemin de la guérison, ou tout du moins du soulagement, mais il semble que cela comporte un danger puisque la poésie veut aller plus loin. [...]
[...] La mère au tendre cœur qui pardonne à l' ingrat représente surtout la protection ; quant à la sœur, elle est plutôt la douceur l'amie ou la confidente, tandis que la maîtresse a essentiellement rapport à la sexualité, évoquée dans les termes éphémère ou glorieux et dans la métaphore allusive du soleil couchant Hélas, l'Idéal échoue et l'apaisement ne reste que de courte durée ; Courte tâche ! crie notre aède et l'angoisse, le Spleen sont là à nouveau : les émotions redoublent de violence et les points d'exclamation se succèdent. Ah ! que la douleur est vive car le retour à la réalité s'avère brutal. Victorieuse, la mort personnifiée, attend insatiable et impitoyable. [...]
[...] En fait, la crainte du mal à venir fait que le mal est déjà là, autrement dit extériorité et intériorité se téléscopent. Cependant Baudelaire refuse l'enchantement macabre, la rencontre du délire et de la réalité : ces cercueils que l'on cloue sont Pour qui? . ; le tiret marque clairement ici le recul et montre par conséquent que le poète résiste au vertige qui se tressait au fil de sa plume. De là s'opère un retour à l'évocation de la saison, Cétait hier l'été ; voici l'automne! [...]
[...] Paradoxalement, lorsque le temps s'arrête et ne fait qu'accroître la souffrance, la mort peut apparaître comme l'ultime solution. Le temps est donc, en second lieu, envisagé comme une promesse d'arrachement à la souffrance. Dans un futur proche s'annonce le temps du figement, le plongeon dans les froides ténèbres où cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé Autrement dit, le spectacle de l'intériorité est à l'horizon et le temps figure de délivrance ne coule plus. La souffrance est donc d'autant plus atroce que la sensation de froid glacial se dégage du second quatrain. [...]
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