Commentaire composé de la fable « Les animaux malades de la peste de La Fontaine », de La Fontaine. Dans cette fable, La Fontaine élargit ses sources d'inspiration en adaptant une fable de Gueroult (1550) et une fable orientale tirée du « Livre des Lumières » de Pilpay, traduit en 1644. Cette fable frappe le lecteur d'abord par sa longueur et sa tonalité tragique. Elle est bâtie comme une tragédie: le monde apparaît comme un théâtre violent et cruel.
[...] Nous analyserons ensuite la progression de cette fable, pour mieux en découvrir la tonalité pessimiste. La peiture psychologique des personnages sous forme d'animeaux le lion: La Fontaine reprend la tradition médiévale du roi des animaux, seigneur juste, équitable et sage protégeant ses vassaux. En monarque absolu, le lion décide seul de tenir conseil en considérant ses sujets comme des amis "mes chers amis". Les premières phrases de son discours le font apparaître comme un monarque de droit divin qui interprète le message de Dieu. [...]
[...] C'est un monde en crise dépossédé de lui-même, n'ayant plus l'amour de la vie que nous dépeint le fabuliste avec une certaine retenue. C'est un honnête homme, un auteur classique qui préfère dire moins pour suggérer plus et qui ne veut pas nous choquer en s'attardant sur des détails sordides. Cet art de l'ellipse qui caractérise le fabuliste classique se révèle bien aussi dans la voix du moraliste pessimiste décrivant la manière de résoudre les conflits avec une extrême concision. [...]
[...] Il y a donc un jeu de miroirs entre les discours. Finalement le fabuliste veut nous montrer que le discours est une nouvelle forme de puissance qui permet d'échapper à la mort. Le fabuliste apparaît aussi comme tout puissant puisqu'il pratique l'art du discours écrit qui lui permet de prendre de la distance vis à vis de la société et en quelque sorte de la dominer. Multiplicité des voix: Nous pouvons d'ailleurs distinguer plusieurs voix à l'intérieur de ce petit drame. [...]
[...] Mais le fabuliste ne veut pas changer la société, il se contente de porter un regard pessimiste sur les hommes, en croquant des silhouettes d'animaux qui font penser à des personnages correspondant à chaque couche de la société: le lion (le roi), le renard (la noblesse), le loup (la justice), l'âne (le Tiers-Etat) . En véritable classique, il peint l'universalité des hommes et sa présentation de la société fondée sur les rapports de force n'a rien perdu de son actualité. Ce qui fait pourtant l'originalité de cette fable, c'est la présence du conteur, qui mime les différents personnages et qui nous révèle son amour pour les faibles et les modestes. L'écriture est pour lui une manière d'affirmer sa force dans une société où seuls les puissants ont la parole. [...]
[...] Il utilise lui aussi l'art de la rhétorique. Le renard apparaît bien comme le type du courtisan: selon ses dires, le roi est intouchable. Il va même jusqu'à retourner la situation en déclarant que les moutons sont des animaux civils, si bas que c'est un honneur pour eux d'être croqués par le roi. La faute n'est plus un péché et devient un honneur. Qui plus est, le berger est le plus coupable de tous car il est orgueilleux et mérite d'être puni. [...]
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