Commentaire composé d'un extrait de l'oeuvre Les Amours de Psyché de La Fontaine. L'extrait commenté est celui de la première nuit de noce entre Psyché et son mari qui fera naître la curiosité de celle-ci. Le mythe de l'époux ou de l'épouse invisible ou monstrueux fait partie d'un folklore très ancien de la littérature ce sont les premiers coups de pinceaux de ce mythe qui sont donnés dans l'extrait que nous allons étudier qui se situe au livre premier de l'oeuvre. Après avoir appris qu'un oracle ambigu la condamnait à épouser un monstre, Psyché quitte sa famille en habit de deuil pour rejoindre son futur mari. Le narrateur nous raconte ici le déroulement de la première nuit de Psyché chez et avec Amour. Dans cet extrait apparaît clairement et de manière plus sous- jacente le noeud du conte puisque seront exposés deux intérêts antagonistes qui sont le choix de ne pas être vu et le désir insatiable de voir. Il serait intéressant de voir l'oscillation dans le passage entre le caractère sérieux de la situation puisqu'on décrit les passions de Psyché avant et après sa première nuit de noce et un ton un peu plus badin et léger du conteur, on pourrait presque parler de décalage entre une matière sérieuse et une manière plaisante de raconter.
[...] Si on cherche le mot curiosité dans le Furetière, il est dit celui qui veut tout savoir et tout apprendre, désir, passion de voir d'apprendre les choses nouvelles, secrètes, rares et curieuses La curiosité est alors cette passion de voir les choses rares. On peut lire : il la priait de renoncer à la curiosité de la voir ce fut ce qui lui en donna davantage Ces deux phrases antithétiques ou l'opposition principale s'articule entre renoncer et donna davantage dans un lien de cause à conséquence par le déictique ce fut on s'attendrait à ce que ces deux propositions soient insérées dans la même phrase or La Fontaine les distingue nettement ainsi il met en valeur la deuxième proposition ce fut ce qui lui en donna davantage écarté ainsi de la phrase précédente, qui présentait le désir antagoniste du mari, la syntaxe fait ressentir une certaine tension, les deux désirs sont inconciliables et ne peuvent être rapprochés dans une même structure syntaxique de même que le présentatif donne à cette phrase une certaine gravité accentuée par la brièveté de la phrase qui marque l'esprit du lecteur. [...]
[...] Pour revenir au sens de cette périphrase celui qui en devait être le possesseur on voit qu'on a une double soumission celle qu'une femme doit avoir pour son mari et celle qu'une humaine doit avoir pour un Dieu ce qui renvoie à la musique qui précède notre extrait : tout l'univers obéit à l'amour, Belle Psyché soumettez lui votre âme avec la polysémie du mot amour qui renvoie à ces deux soumissions celle de la passion et celle de la religion. Cette extrait comme nous venons de le voir est d'un caractère assez grave puisqu'on nous décrit les sentiments d'une héroïne inquiète et soumise à un destin qu'elle ne maîtrise pas. C'est la matière d'Apulée qui est reprise sans aucune variation sur lequel l'auteur greffe un ton particulier. Selon sa devise : mon principal but est de plaire La Fontaine donne à cet extrait un ton badin et plaisant. [...]
[...] Le recours au monologue intime et au rêve narré nous permet d'explorer les états d'âme de l'héroïne. Ainsi le lecteur éprouve une réelle compassion pour le personnage, Bien sûr nous n'avons pas de sympathie au sens étymologique pour Psyché puisque nous ne partageons pas ses angoisses, nous savons très bien que son mari n'est pas un monstre mais nous sommes émus par son émotion, c'est ce que nous rappelle LF dans sa préface, je vous invite à vous reporter à la page 56 : il ne faut pas que l'on croit le plus à propos Nous sommes au début du parcours initiatique de l'héroïne et cela est visible par une certaine passivité tragique de celle-ci. [...]
[...] D'autant plus que ce souvenir d'une union charnelle provoque une perte de mémoire assez comique par l'énumération qui culmine avec l'anadiplose à valeur hyperbolique : les adieux de ses parents et ses parents mêmes le plaisir était tel qu'elle en oublie tout le monde, ce n'est pas un comique de la farce qui saute aux yeux et qui fait rire, c'est un comique plus subtil plus dissimulé qui fait sourire. Plus que comique, La Fontaine parle de gaieté dans les fables qu'il définit ainsi je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire mais un certain charme, un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets même les plus sérieux et rien de plus sérieux qu'une nuit de noce avec une personne dont on ignore l'identité. [...]
[...] L'art étant ce qui ravit les sens mais ce qui est étrange c'est que dans la préface lorsque la Fontaine mentionne les changements qu'il a apporté à son œuvre il évoque chez Apulée la solitude de Psyché dans son palais, c'est pourquoi La Fontaine choisit de mettre des nymphes à son service, on peut lire dans la préface p55 or ici p78 pourtant on lit clairement qu'on ne voit personne jouer mais la présence des nymphes sont pour lui un élément rassurant. On plonge le lecteur dans un univers féerique, un palais ou les arts ont une part importante ainsi est esquissé le thème de la curiosité. [...]
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