Commentaire composé du chapitre X de l'ouvrage "Le livre de ma mère" d'Albert Cohen. Le livre de ma mère d'Albert Cohen est un texte autobiographique dans la mesure où l'auteur s'exprime directement à la première personne du singulier. Cependant, il ne s'agit pas d'une autobiographie traditionnelle : d'une part, le personnage central n'est pas l'auteur lui-même mais sa mère décédée à qui il rend hommage ; et d'autre part, la narration n'est pas linéaire : elle suit le rythme des émotions de l'auteur.
[...] Cependant, il ne s'agit pas d'une autobiographie traditionnelle : d'une part, le personnage central n'est pas l'auteur mais sa mère décédée, à qui il rend hommage ; et d'autre part, la narration n'est pas linéaire : elle suit le rythme des émotions de l'auteur. Dans le chapitre Albert Cohen exprime avec lyrisme ses remords, dans une prose poétique. Il a autrefois eu honte de sa mère, et regrette amèrement de lui avoir fait des reproches pour cette raison. Ce texte est frappant par le contraste entre sa douceur et sa douleur : douceur liée à la mère, à son amour, douleur liée à la mort et aux remords. [...]
[...] La relation d'Albert Cohen avec sa mère bouleverse les codes de l'amour filial. Chérie employé seul, est un appellatif rarement attribué à une mère. L'auteur met en valeur leur complicité amicale : comme nous étions bien ensemble, quels bavards (l.29). Mais surtout, à de nombreuses reprises, il inverse la relation parent-enfant. Sa mère devient sa fille. Il lui prête une candeur enfantine : petite enfant (l.15), petites mains (l.16). Et enfin, la dernière expression : maman, ma petite fille chérie (l.32) constitue une alliance de mots particulièrement saisissante. [...]
[...] De retour chez moi, je lui avais fait cette affreuse scène. Elle est tatouée dans mon cœur, cette scène. Je la revois, si humble, ma sainte, devant mes stupides reproches, bouleversante d'humilité, si consciente de sa faute, de ce qu'elle était persuadée être une faute. Si convaincue de sa culpabilité, la pauvre qui n'avait rien fait de mal. Elle sanglotait, ma petite enfant . Oh, ses pleurs que je ne pourrai jamais n'avoir pas fait couler. Oh, ses petites mains désespérées où ses taches bleues étaient apparues. [...]
[...] Albert Cohen, le Livre de ma mère (1954), chapitre X Dans ma solitude, je me chante la berceuse douce, si douce que ma mère me chantait, ma mère sur qui la mort a posé ses doigts de glace, et je me dis, avec dans la gorge un sanglot sec qui ne veut pas sortir, et je me dis que ses petites mains ne sont plus chaudes et que jamais plus je ne les porterai douces à mon front. Plus jamais je ne connaîtrai ses maladroits baisers à peine posés. Plus jamais, glas des endeuillés, chants des morts que nous avons aimés. Je ne la reverrai plus jamais et jamais je ne pourrai effacer mes indifférences ou mes colères. Je fus méchant avec elle, une fois, et elle ne le méritait pas. Cruauté des fils. Cruauté de cette absurde scène que je fis. Et pourquoi ? Parce que, inquiète de ne pas me voir rentrer. [...]
[...] Vengé de moi même, je me dis que c'est bien fait et que c'est juste que je souffre, moi qui ai fait, cette nuit la, souffrir une maladroite sainte, une vraie sainte, qui ne savait pas qu'elle était une sainte. Frères humains, frères en misère et en superficialité, c'est du propre, notre amour filial. Je me suis fâché contre elle parce qu'elle m'aimait trop, parce qu'elle avait le cœur riche, l'émoi rapide et qu'elle craignait trop pour son fils .Je l'entends qui me rassure . [...]
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