Étude comparant le personnage de Dom Juan dans la pièce de Tirso de Molina « L'Abuseur de Séville » et celle de Molière « Dom Juan ou le festin de pierre ».
[...] Intérêts des modifications apportées par Molière à l'œuvre originale : La pièce précédant Dom Juan ou le festin de pierre avait été censurée par le gouvernement alors en vigueur en France. Il s'agissait de Tartuffe où Molière critiquait vivement l'hypocrisie des faux dévots. On peut donc voir dans l'éloge de l'hypocrisie du héros la griffe acérée de l'auteur qui, contournant les interdits, pose son regard critique et lucide sur les mensonges des faux croyants et des faux guides spirituels. Avec cette tirade, on peut également trouver une dénonciation de l'hypocrisie de la société elle-même, puisqu'elle ment et trompe tout comme le héros et s'accommode de ces travers pour protéger ses intérêts. [...]
[...] Dans le texte original, Catherinon essaye de raisonner Don Juan, mais sans être pesant et ampoulé. Il tente de ramener le débauché dans le droit chemin sans le remettre en cause continuellement. Cette différence peut s'expliquer avec le désir de Molière de mélanger les deux genres bien distincts de la tragédie et de la comédie : son valet est un élément comique irremplaçable qui a pour simple but de dérider le spectateur plongé dans l'ambiance dramatique du destin de Don Juan. [...]
[...] L'affection du serviteur créée par Molina est remplacée par son côté vénal qui permet à la pièce de bien se terminer sur une note à la fois tragique et comique. Thisbé et Aminte/Mathurine et Charlotte : Ces femmes portent des noms différents de ceux de leurs homologues mais elles se correspondent : elles sont toutes issues du peuple (pêcheuses et paysannes) et séduites par Don Juan. Nous pouvons néanmoins remarquer une troublante divergence liée à ces personnages entre les deux pièces : le langage. [...]
[...] Cependant, le personnage de Sganarelle/Catherinon réagit de manière différente entre El Burlador de Sevilla et Dom Juan ou le festin de pierre. Ainsi, le premier auteur de cette histoire présente une fin heureuse qui ne finit pas tout à fait avec la mort du héros, puisque les autres protagonistes se retrouvent entre eux et profitent de sa disparition pour réconcilier et satisfaire tout le monde. A la mort même de Don Juan, Catherinon reste apeuré mais semble véritablement touché par le sort funeste de son maître : ( ) CATHERINON : Ici je vais mourir, moi aussi, pour t'accompagner. [...]
[...] - Le valet le mettant en garde contre le courroux divin. - La famille déshonorée et réprobatrice. - Les femmes séduites (ou abusées). - Les avertissements du Ciel. - La triple apparition du Mort (la rencontre et l'invitation, la visite chez Don Juan pour le convier à un repas à son tour et le repas chez le Mort). - La fin du séducteur dévoré par les flammes de l'enfer. Cependant, on note quelques détails divergents au niveau même de l'histoire. [...]
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