Sonnets 19 et 20 des Regrets, de Du Bellay

Résumé du document

Commentaire comparé des sonnets 19 et 20 extraits des « Regrets » de Joachim Du Bellay.

Extraits

[...] De plus, nous remarquons une véritable exacerbation de son attachement et de son affection pour la France, par les possessifs employés (mes, mon, ma vers 7 et8) qui subjectivisent ses souvenirs, contrastant avec le démonstratif ces antéposé aux monceaux pierreux du vers 11. Il oppose son plus riche trésor v7 que sont ses amis, aux richesses matérielles, prônant des valeurs nobles. Le poète s'attendrit en pensant à sa terre angevine de laquelle il est cruellement séparé, contraint de rester à Rome (vers 13 me tient attaché). [...]

[...] L'éloge pour faire ressentir sa solitude et ses positions esthétiques Les sonnets 19 et 20 donnent, à première vue, l'impression d'un foisonnement de louanges adressées à Ronsard. Cependant d'autres buts de DB s'y cachent. En effet, dans le sonnet 19, DB glorifie la fécondité poétique de Ronsard (évocation Franciade et Les amours) qui s'oppose à l'absence d'inspiration dont il se plaint qq poèmes plus tôt, p63 sonnet 6 : De la postérité je n'ai plus de souci/Cette divine ardeur je ne l'ai plus aussi/ Et les muses de moi comme étranges s'enfuient. [...]

[...] Tout d'abord dans le premier quatrain du sonnet 19, du Bellay s'adresse à Ronsard par le biais du pronom personnel de la deuxième personne TU ce qui suggère une relation intimiste avec son ami Ronsard. On reconnaît Ronsard par l'évocation de sa Cassandre divine, la Cassandre étant la femme à la fois réelle et mythique à qui Ronsard a consacré les Amours en 1552. Le roi mentionné au vers 2 est évidemment un Henri et l'héritier d'Hector désigne Francus, héros de la Franciade, texte sur lequel travaillait Ronsard à cette époque. [...]

[...] Ronsard nous décrit cet univers paradisiaque : La, Orphée habillé d'un long sourpelis blanc/contre quelques lauriers se reposant le flanc/tient sa lyre cornue, et d'une douce aubade/en rond parmi les prés fait danser la brigade Orphée est donc le mythe de référence du poète guide, protecteur et défenseur. Ronsard dans son poème associe cette image à Muret mais joue lui- même le rôle de guide. Marc Antoine Muret [1526 - 1585], érudit qui a notamment enseigné a Montaigne. Il s'applique surtout à l'étude des poèmes latins et eut parmi ses élèves Du Bellay, Ronsard et Baïf. [...]

[...] C'est lui surtout qui ouvre la forme à de nouveaux sujets. Cantonné jusque-là dans la lyrique amoureuse, le sonnet, avec DB se prête à l'expression de sentiments plus variés, en particulier la mélancolie et la confidence. La brièveté du sonnet manifeste le désir de concentrer l'expression. Selon Anne Armand dans son livre sur le MA et XVI eme DB a inventé le sonnet en tant que forme poétique, CAD comme une construction rythmique et métrique apte a exprimer n'importe quel sujet dans n'importe quel ton (élégie, satire). [...]