Commentaire composé de la Scène 2 de l'Acte V de Dom Juan de Molière. Dom Juan vient de jouer à son père la comédie de la conversion religieuse, il prétend regretter les désordres de sa vie passée et y remédier par une conduite exemplaire. Le vieillard quitte la scène, tout heureux de voir son fils revenir dans le droit chemin. Même le spectateur est surpris par ce changement d'attitude du libertin qui jusque là bafouait ouvertement les règles morales et religieuses. Mais si extérieurement le libertin a décidé de ne plus choquer les autres, cela ne change en rien ses dispositions intérieures. Il devra donc expliquer à son fidèle valet pourquoi il a fait le choix de l'hypocrisie.
[...] Au début de l'acte 5 il fait marche arrière en jouant la comédie de la conversation : c'est un dessin que j'ai formé pour ménager un père dont j'ai besoin et me mettre à couvert, du côté des hommes de cent fâcheuses aventures qui pourraient m'arriver Don Juan ne peut faire cette confession qu'à Sganarelle qui dans cette scène joue un rôle important de conscience morale et de témoin qui l'importe maintenant d'examiner. II) Sganarelle témoin horrifier et nécessaire : Sganarelle, le valet à l'émotion facile, croit à la conversion de son maître et l'accueille avec un enthousiasme plein de bonne foi. Cette joie manifeste d'abord l'affection sincère du serviteur pour son maître. Il ne veut pas qu'il soit châtié par les hommes ou par Dieu, car au fond il est flatter de servir un homme d'une telle envergure. Il y a aussi dans cette réaction une vanité. [...]
[...] Plus que jamais, Don Juan a besoin de ce témoin moralisateur et horrifié. En assistant scandalisé à ses forfaits, Sganarelle lui montre l'effet qu'il produit sur une humanité moyenne et lui fait l'étendue de sa perversion. Mais maintenant le libertin a décidé d'être hypocrite avec les hommes et son plaisir de faire le mal disparaîtrait s'il n'y avait pas au moins un témoin qui connaissait son double jeu. C'est pourquoi Sganarelle a une importance croissante : il permettra à Don Juan de jouir encore de son plaisir exhibitionniste à faire le mal mais aussi surtout à montrer qu'il fait le mal : je veux bien Sganarelle, tant faire confidence et je suis bien aise d'avoir un témoin du fond de mon âme et des véritables motifs qui m'obligent à faire les choses Cette évolution du protagoniste nous amène maintenant à nous interroger sur son importance dramatique dans la pièce. [...]
[...] Mais lorsqu'il fait à Don Louis la comédie du faut dévot, il perd beaucoup de son envergure et de son courage. L'aventurier plein de morgue et d'allégresse impertinente au début de la pièce est devenu un vulgaire Tartuffe qui décide de jouer la comédie sociale pour couvrir ses exactions. Il attend le départ de son père pour déclarer : la peste, le benêt Alors qu'avant il l'offensait ouvertement. Certes sur le fond il n'a pas changé. Il demeure un révolté qui rejette tout les obstacles à sa liberté : non, non, je ne suis point changé, et mes sentiments sont toujours les mêmes Dans ce cas, l'hypocrite devient la forme suprême de l'insulte et de la moquerie à l'égard des hommes mais aussi de Dieu. [...]
[...] Le vieillard quitte la scène, tout heureux de voir son fils revenir dans le droit chemin. Même le spectateur est surpris par ce changement d'attitude du libertin qui jusque là bafoué ouvertement les règles morales et religieuses. Mais si extérieurement le libertin a décidé de ne plus choquer les autres cela ne change en rien ses dispositions intérieures. Il lui faut donc expliquer à son fidèle valet pourquoi il a fait ce choix de l'hypocrisie. Dans un premier moment nous en étudierons les raisons puis nous examinerons les réactions du valet ; enfin nous verrons quel rôle joue ce changement dans l'évolution du héros. [...]
[...] Il agit uniquement par calcul. Cette dissociation entre l'apparence et la réalité est nettement exprimé par trois formules : C'est un dessin que j'ai formé par pur politique, un stratagème utile, une grimace nécessaire Chaque terme apporte une précision. Politique désigne ici une conduite adroite et rusé, qu'on utilise pour arriver à ses fins. Stratagème renchérit en ajoutant une idée de machination et de fourberie. Grimace enfin décrit de manière imagée les feintes contorsions du visage de l'hypocrite. Mais pourquoi cette conversation à la Tartuffe ; parce que Don Juan c'est la meilleurs façon de se protéger dans la société et d'accomplir impunément ses méfaits. [...]
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