Commentaire composé de la Scène 3 de l'Acte III de Lorenzaccio d'Alfred de Musset. Comment sous l'apparente richesse du personnage de Lorenzo se cache une quête de sens et surtout, une quête de soi, découlant de l'interrogation romantique sur la relation de l'individu à l'Histoire collective ? L'un des objectifs de cette tirade est de faire découvrir toute la richesse du personnage de Lorenzo, puis que sa relation avec le reste des hommes y est présentée comme entièrement construite autour du masque qu'il s'est crée, et enfin que son véritable but est de préciser les mobiles du tyrannicide qui a totalement perdu sa valeur politique.
[...] Nous constaterons d'abord que l'un des objectifs de cette tirade est de nous faire découvrir toute la richesse du personnage de Lorenzo, puis que sa relation avec le reste des hommes y est présentée comme entièrement construite autour du masque qu'il s'est crée, et enfin que son véritable but est de préciser les mobiles du tyrannicide qui a totalement perdu sa valeur politique Cette tirade prononcée par Lorenzo est centrée toute entière autour de ce dernier, personnage aux multiples facettes, double et paradoxal, mais surtout héros romantique s'il en est, sorte d'ange déchu, un cœur autrefois pur mais qui semble s'être perdu en chemin. En effet on voit tout d'abord apparaître dans cette scène la duplicité de Lorenzo, et le paradoxe de ce personnage. Le discours débute sur la question qui déterminera toute la tirade : Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre Lorenzo avoue donc clairement son intention de régicide, intention qu'il accentue par le présent je tue rendant ainsi son acte plus réel. [...]
[...] En effet comme Hamlet, il cache sa vraie nature auprès de l'homme qu'il veut assassiner, meurtre qui lui aussi se révèle inutile. D'ailleurs l'homicide auquel se destine Lorenzo aura une valeur de suicide, puisqu'il se fera tuer peut après et finira dans la lagune, alors même qu'il menaçait de se jeter dans l'Arno. On peut aussi observer qu'« il frappe sa poitrine geste romantique par excellence. Enfin, Lorenzo n'est que l'ombre de [lui]-même c'est un eternel inaccompli : il est donc l'image parfaite du héro romantique. [...]
[...] Cette quête de soi, d'un sens à donner à sa vie - qui s'accomplira chez Lorenzo par le meurtre de son cousin, le duc de Florence Alexandre de Médicis est la quête engagée par toute une génération, celle des romantiques de 1830, celle de son auteur aussi, Alfred de Musset. Ce dernier réussi donc à travers ce Spectacle dans un fauteuil à rendre compte de l'Histoire et de la société contemporaine, société que les formes classiques du théâtre n'étaient plus à même de représenter. [...]
[...] La seule chose d'honorable en lui c'est ce meurtre, justement parce qu'il n'y a rien d'autre que ce meurtre, Lorenzo se limite à ce meurtre, il est le meurtre. En effet la plus grande valeur de cet assassinat, ce qui lui donne tant d'importance aux yeux de Lorenzo, c'est sa valeur ontologique. Ce personnage plein d' orgueil à qui il ne plaît pas [que les hommes l'] oublient a peur du néant. S'il ne veut pas laisser mourir en silence l'énigme de sa vie c'est parce qu'il veut justement donner un sens à cette vie, puisqu'il n'arrive pas à en donner un à l'Histoire. [...]
[...] Lorsqu'il annonce que sa vie entière est bout de dague on comprend bien toute sa vie se joue ce meurtre, que Lorenzo lui-même deviens se meurtre : lui et son acte ne font plus qu'un. Finalement il veut juste exister, or lorsqu'il enlève un a un les masques derrières lesquels il se cache, on s'aperçoit qu'il ne reste plus rien d'autre que l'assassinat du duc Alexandre, sans ce meurtre c'est un personnage totalement vide, et c'est ce meurtre qui fait qu'il peut encore être quelqu'un. Toute sa vie converge vers cet acte qui est l'accomplissement de son être, et l'on verra d'ailleurs par la suite qu'il n'y survivra pas. [...]
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