Catulle et Lesbie, Pétrarque et Laure, Ronsard et Hélène ou Cassandre ou Marie : les poètes ont souvent célébré leurs maîtresses dans leurs oeuvres. Elles étaient les Muses qui les inspiraient, leur soufflaient les poèmes d'amour qui les rendaient célèbres. Mais ce sonnet de Ronsard, tiré du Second livre des Amours, publié en 1578, évoque la perte de sa bien-aimé, Marie, prématurément disparue. La Muse est morte : que devient alors la poésie ? Comment chanter la femme aimée trop tôt décédée ? La poésie n'est-elle pas un moyen de soulager la souffrance du poète ? Nous verrons d'abord comment Ronsard fait l'éloge de la femme aimée à travers une comparaison pleine de sens. Ensuite, comment le poète a-t-il recours à l'élégie pour exprimer ses sentiments ? (...)
[...] Par cette allusion aux éléments naturels qui s'inclinent devant la rose et Marie, le poète fait un éloge hyperbolique, exagéré, de leur beauté. Cette comparaison, développée sur dix vers, qui repose sur des éléments narratifs, une personnification du ciel et de l'« Aube une allégorisation des sentiments, la grâce et l'amour est donc très travaillée, très étudiée : Ronsard réutilise ici avec virtuosité un topos de la Pléiade, qui évoque très souvent la beauté de la femme en la comparant avec celle de la rose. [...]
[...] Enfin, le premier tercet, pour évoquer Marie, reprend des termes qui ont servi à décrire la rose dans le premier quatrain : première et jeunesse (v. et jeune (v. ce qui souligne une nouvelle fois la ressemblance entre les deux. De même, la rose est personnifiée, elle emprunte ses attributs à la femme le nom jeunesse convient moins à une plante qu'à une femme et la femme est en quelque sorte naturalisée puisqu'elle est transformée en roses au dernier vers. [...]
[...] soit les deux qualités qui ont disparu avec la mort de Marie La femme tant aimée, tant louée, disparaît donc prématurément, vouant le poète à la souffrance, lui faisant éprouver la douleur de sa perte. Dans ce poème à la tonalité élégiaque, le poète nous livre ses sentiments avec retenue. D'abord, le poète s'adresse avec douleur à la femme qu'il aimait et qu'il a désormais perdue. Nous avons vu que les tercets explicitent la comparaison et permettent de comprendre que Ronsard n'évoque la rose que pour parler de sa bien-aimée, que pour parler à sa bien-aimée. [...]
[...] Sur la mort de Marie est ainsi moins un poème d'amour qu'une réflexion sur le temps qui passe et conduit inéluctablement à la mort. Ayant fait ce constat, le poète se livre à sa douleur, qu'il exprime avec retenue dans ce sonnet élégiaque, et affirme en même temps le pouvoir de la poésie, apte à immortaliser la femme aimée, à combattre le passage du temps élargissements possibles : Victor Hugo, frappé par la mort de sa fille aînée, décrira dans le sonnet Demain dès l'aube sa tentative semblable de ressusciter Léopoldine, de l'arracher aux griffes de la mort, en lui parlant par delà la mort et en lui offrant un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs D'autres poètes seront confrontés à la fuite du temps, à la mort de l'amour, sans pouvoir toujours y trouver de remèdes. [...]
[...] D'une part, elles ont en commun les mêmes qualités : la jeunesse d'une part, comme en témoigne le champ lexical du commencement, mois de mai (associé au printemps), jeunesse première Aube point du jour première et jeune nouveauté La rose comme Marie rayonnent d'une jeunesse et d'une fraîcheur éclatantes. La beauté d'autre part : toutes deux charment les sens. Le poète nous dit ainsi que la fleur séduit par sa vive couleur (v. ce qui relève du sens de la vue, et par son odeur (v. ce qui relève du sens de l'odorat. [...]
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