Marivaux, qui déclarait ne pas apprécier Molière, semble rompre avec le maître de la comédie classique du XVII ème. Ses pièces semblent avoir davantage de parenté avec les pièces de Beaumarchais, postérieures de quelques décennies.
La comédie classique se caractérise par des règles invariables et incontournables, que Marivaux respecte globalement (...)
[...] En concluant que l'homme et la femme sont des êtres naturellement inconstants, Marivaux tire une leçon de l'action dramatique. Le divertissement sur lequel se clôt le spectacle n'est donc pas simplement récréatif : il sollicite l'attention du public qu'il invite à la réflexion. Marivaux assigne un double rôle au genre dans lequel il s'illustre au théâtre : la comédie doit à la fois divertir et éduquer, charmer et instruire. Ce qui est agréable se doit d'être utile. En effet, comme d'autres pièces de Marivaux, Le Double inconstance illustre cette formule de poète latin Horace, dont les Comédiens-Italiens avaient fait leur devise : Castigat ridendo mores (la comédie corrige les mœurs en faisant rire). [...]
[...] Une confusion sociale Dans cette pièce, Marivaux réduit l'écart entre ordres et conditions sociales : il suffit d'observer la manière dont le prince désire anoblir Silvia et Arlequin. Les richesses, la vie fastueuse ou les honneurs qui leur sont proposés auraient pour effet immédiat de brouiller le jeu des distinctions sociales. Une simple lettre de noblesse suffirait ainsi à faire de l'humble paysan qu'est Arlequin un grand seigneur. La position qu'occupe Flaminia dans la pièce est symptomatique de cette ambiguïté sociale : la jeune femme, placée au service du prince, est à la fois fille de domestique et conseillère du monarque. [...]
[...] Dans la scène qui l'oppose au prince, il laisse entendre qu'il existe une égalité naturelle entre les hommes et que la véritable noblesse suppose honnêteté, justice et droiture. Synthèse La comédie de Marivaux constitue un mélange des genres : elle associe commedia dell'arte, farce et comédie classique et annonce les comédies plus sociales de Beaumarchais. Ce ne sont pas les ingrédients qui en font l'originalité et la saveur, c'est leur association et le savoir- faire du créateur. [...]
[...] Ce procédé, occasionnel chez ce personnage, est fréquemment employé par Arlequin : interjections, mots ou expressions cocasses émaillant ses prises de parole. Les jurons : Arlequins recourt à de nombreux jurons : par la mardi (par la mort de Dieu), par la sambille dérivé de palsambleu signifiant par le sang de Dieu, diantre déformation de Diable ! Il affectionne les expressions familières d'origine populaire : parbleu ou pardi par Dieu ma mie (mon amie), Dame interjection qui, selon le contexte, équivaut à Zut ! ou Soit. [...]
[...] Ce brouillage des repères permet à Marivaux de souligner le caractère arbitraire des distinctions sociales. Il ouvre ainsi la voie à la satire des mœurs de la Cour et à la critique du pouvoir Une satire des mœurs de la Cour La position qu'Arlequin et Silvia occupent à la Cour du Prince est, dans ce domaine, assez proche de celle d'Usbek et Rica, dans Les Lettres persanes, de Montesquieu. Les jeunes villageois, qui ignorent tout des pratiques aristocratiques, sont comme étrangers au palais. [...]
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